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La gestion du « risque prix » au cœur des réflexions des filières viandes blanches

Le conseil spécialisé « viandes blanches » de FranceAgriMer s’est réuni le 22 septembre 2022, sous la présidence de Jean-Michel Schaeffer. Les crises sanitaires, économiques et géopolitiques qui se multiplient et se superposent, mettent à mal la compétitivité des filières porcine et avicole françaises, faute de sécurisation suffisante du « risque prix ». Exposées à une volatilité croissante du marché de l’alimentation animale mais aussi de l’énergie, ces filières doivent s’attacher à quantifier ce risque pour mieux le gérer collectivement.
Mots-clés : viandes, volailles, porcs, oeufs, production, Commerce extérieur, prix, risques
Troupeau d'oies du Périgord

Filière avicole : augmentation des importations face au repli de la production française

La filière avicole française reste confrontée à des coûts de production élevés, notamment pour l’alimentation animale (+ 80 % en deux ans pour le poulet), malgré la détente observée depuis juin, suite à la décrue du prix des matières premières. Par ailleurs, l’épisode d’influenza aviaire dans le bassin d’accouvage des Pays de la Loire impacte toujours la production. Les abattages de poulet parviennent à se maintenir mais les productions de dinde et de canard accusent un net repli. Les importations de viande de volaille atteignent des niveaux record en 2022, en raison du recul de l’offre française. La Pologne et la Belgique, principaux fournisseurs de la France, gagnent des parts de marché. Les exportations françaises de viande de poulet progressent toutefois vers l’Union européenne mais se contractent vers l’Afrique et l’Asie.

La production d’œufs tourne également au ralenti depuis le début de l’année, avec des mises en place de poulettes en repli par rapport à l’an dernier, entraînant une augmentation des importations d’œufs coquilles et des ovoproduits et le recul des exportations françaises. La filière des palmipèdes gras reste fortement impactée par les épisodes successifs d’influenza aviaire de ces dernières années qui ont touché à la fois les bassins de production et le bassin d’accouvage. Quant à la filière cunicole, les abattages continuent de décliner, en ligne avec la tendance observée les années passées.

Face à la recrudescence, depuis mai, des cas d’influenza aviaire dans la faune sauvage sur le littoral de la Manche et plus récemment, sur la façade atlantique, le respect strict des règles de biosécurité et la surveillance des oiseaux restent de mise dans les élevages.

Filière porcine : une balance commerciale de nouveau déficitaire en valeur

Comme dans les autres pays de l’Union européenne, à l’exception notable de l’Espagne, la production française de viande de porc est en repli depuis le début de l’année 2022. Les cotations françaises et européennes des carcasses de porc atteignent des niveaux record en raison du recul de l’offre et de la hausse des coûts de production (aliment, énergie…). Le prix de l’aliment a en effet atteint des sommets, à 395 euros/tonne en juillet dernier. La rentabilité des élevages porcins français reste faible, malgré une légère amélioration par rapport à la situation très dégradée du début d’année. Suite au reflux des achats chinois, les exportations françaises de viande de porc et d’abats sont en recul par rapport à 2021 et 2020. Dans le même temps, les importations ont augmenté et la balance commerciale de la France redevient déficitaire en valeur de près de 110 millions d’euros sur 7 mois

La consommation de porc et de poulet reste dynamique en France

La consommation totale de porc et de poulet, calculée par bilan, reste dynamique sur les sept premiers mois de l’année 2022 (+ 4 % par rapport à 2021), mais accuse un net repli pour la dinde (- 12 %), la pintade (- 20 %) et le canard (- 28 %). 

Les ventes en grande distribution se recentrent toutefois sur les marques de distributeurs, et notamment les MDD économiques, alors que les marques nationales perdent du terrain, d’après les données du panel distributeur IRI. Au total, les ventes en grandes surfaces sont en repli par rapport à l’an dernier, dans un contexte d’augmentation des prix, à l’exception des œufs dont la consommation repart à la hausse depuis juin.

Crise énergétique : quantifier et gérer collectivement le risque prix

Les perspectives de récolte mondiale en céréales et oléoprotéagineux en 2022/2023, ont contribué à rassurer les opérateurs économiques et à détendre les prix des matières premières agricoles utilisées en alimentation animale au cours des derniers mois. Ce marché reste néanmoins très volatil, au fil des rebondissements du conflit russo-ukrainien et des déclarations de ses protagonistes.

S’agissant des aléas climatiques, les moindres disponibilités en maïs prévues dans l’Union européenne, notamment en France suite à la sécheresse, devraient être compensées sans difficulté par d’autres matières premières (blé, orge, tourteaux de colza….) par le secteur de la nutrition animale, habitué à adapter ses formulations.

Aujourd’hui, la préoccupation majeure est le marché de l’énergie, avec l‘explosion sans précédent des prix européens du gaz et de l’électricité, suite à l’arrêt des gazoducs Nord Stream, considère Yves Jégourel, professeur du Conservatoire National des Arts et Métiers et codirecteur de CyclOpe. Le conflit russo-ukrainien a mis au grand jour l’ampleur de la dépendance gazière de l’Union européenne à la Russie (environ 170 milliards de m3en 2021), même si l’Union européenne a tenté de diversifier ses approvisionnements dès 2021 en achetant davantage de gaz naturel liquéfié principalement aux États-Unis et dans une moindre mesure au Qatar. Un gaz naturel plus cher et dont le risque de moindres approvisionnements ne peut être exclu, les terminaux de liquéfaction américains étant situés dans le golfe du Mexique, très exposé aux excès climatiques. Faute de consensus européen sur une politique énergétique nucléaire, la compétitivité-prix des entreprises est aujourd’hui menacée, estime l’expert, qui appelle les filières alimentaires à mieux quantifier le risque prix lié à l’énergie comme celui lié à l’ensemble des matières premières, et de l’appréhender tant à l’échelle des entreprises prises individuellement qu’au niveau des filières elles-mêmes, afin de mieux le gérer collectivement.

Pour en savoir plus, consultez ci-dessous le diaporama sur la conjoncture économique, présenté au Conseil spécialisé « viandes blanches » du 22 septembre dernier.

Photo Pixabay : troupeau d'oies du Périgord

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Présentation du marché des filières viandes blanches (porc, volaille) - 22 septembre 2022 | 28/09/2022

Présentation conjoncture du marché des filières viandes blanches (porc, volaille) - 22 septembre 2022
NCO-DIAL-V...pdf 1,9 Mo