Comportement alimentaire déclaré versus réel
Date de publication : 11/09/2020
L’étude commandée et financée par le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, FranceAgriMer et l’ADEME vise à répertorier et qualifier les écarts entre les déclarations et la réalité des comportements.
Elle a pour objectif d’évaluer l’amplitude des décalages ou d’identifier leur origine, ainsi que de formuler des recommandations quant à la collecte, l’interprétation et l’utilisation de données en prenant en compte ces biais potentiels.
Méthodologie
Réalisée par le consortium constitué du CRÉDOC, de NutriPsy Consult, de Protéines et de Deloitte Développement Durable, l’étude a consisté en une revue de littérature suivie de 3 études de cas portant sur :
1. l’identification des omissions (aliments et boissons) associées aux déclarations des consommations par la méthode des carnets, à travers une expérimentation comparant le remplissage des carnets alimentaires avec les images enregistrées sur les caméras emportées,
2. la mesure de l’effet de lassitude dans les enquêtes alimentaires via l’analyse des consommations journalières déclarées selon 2 méthodes d’enquête (par carnet de 7 jours et par rappel de 24 heures),
3. l’évaluation des écarts entre attentes exprimées sur les réseaux sociaux et les comportements d’achat, via une étude de corrélation entre l’évolution des achats et le suivi de l’activité sur les réseaux sociaux.
Résultats
Les principaux résultats à retenir sont les suivants :
• les biais identifiés dans la littérature résultent de différentes sources : ils peuvent être liés aux caractéristiques des répondants, au contexte de leurs réponses, à la méthode même de collecte de données ou encore à leurs modalités ultérieures de traitement ;
• concernant les quantités, la sous-déclaration est fréquente et liée notamment à l’incapacité des répondants à évaluer de manière exacte leurs consommations (en quantité, en fréquence…) ;
• mais de manière plus qualitative, un autre facteur est important mais difficile à mesurer : le décalage « attitude – comportement » ;
• dans l’étude de cas sur les omissions dans les carnets alimentaires, les oublis portaient avant tout sur les aliments « périphériques » ou ceux consommés hors repas ;
• l’étude de cas portant sur l’effet de lassitude quant au remplissage du carnet confirme cet effet systématique et continu pour les enquêtes sur 7 jours (INCA 2), alors qu’il est absent dans la méthode par 3 rappels de 24 heures (INCA 3) ;
• l’analyse de corrélation de l’activité des médias et des réseaux sociaux et de l’évolution des achats permet d’abord de distinguer le bruit médiatique des réactions du grand public, qui ne se recoupent pas nécessairement (faible niveau de reprise, réactions opposées...) ; la corrélation avec les achats est plus complexe à interpréter (non perceptible sur la consommation de viande, possiblement liée aux autres facteurs dans le cas du bio).
Conclusion
L’analyse des décalages entre les déclarations de consommateurs et la réalité de leurs consommations plaide avant tout pour la prise en compte systématique, dans la réalisation et l’analyse des enquêtes alimentaires, de leurs biais inhérents et leurs limites pour éviter la surinterprétation de résultats et de tendances. Elle met également en évidence l’utilité de compléter les études quantitatives qui dominent dans le champ par des méthodes alternatives de collecte d’informations (études qualitatives, analyse de l’offre, méthodes innovantes de collecte de données issues des nouveaux acteurs digitaux (applis smartphone)…).