Veille concurrentielle filière biocarburants
Date de publication : 21/03/2022
Depuis les années 2000, la hausse relative des prix du pétrole, les préoccupations environnementales et surtout la quête d’indépendance énergétique ont conduit les Etats à développer la production et l’utilisation de biocarburants. Dans ce contexte, une veille internationale a été mise en place depuis 2010. Elle a pour objectif de clarifier les conditions de développement des filières biocarburants nationales concurrentes sur le marché mondial et de les comparer.
Objectifs
La veille concurrentielle s’adresse aux professionnels. Elle a pour but de leur fournir des éléments d’analyse à même de les aider à mieux se positionner sur le marché concurrentiel des biocarburants et d’anticiper ses évolutions. Pour cela, les deux principales filières de biocarburants (le bioéthanol et le biogazole) sont analysées et comparées.
Méthodologie
L’analyse de la compétitivité porte sur six axes : le potentiel de production, les conditions agroclimatiques, la capacité des opérateurs à conquérir les marchés, le portefeuille des marchés, la capacité d’organisation de la filière et les indicateurs macroéconomiques. Pour chacun de ces axes, des indicateurs de performances ont été définis, pour lesquels chaque pays se voit attribuer une note en fonction de son positionnement par rapport à ses concurrents. Un classement par indicateur, un par axe et enfin un global sont alors obtenus. Ce classement global renseigne donc sur la compétitivité de la filière d’un pays. Les indicateurs sont renseignés au moyen d’une multitude de sources bibliographiques : FO Lichts, USDA, Eurostat, EIA, etc., ainsi que des entretiens avec des experts.
Résultats
Sur le marché du bioéthanol, les États-Unis restent à la tête du classement de la veille concurrentielle en 2020. Malgré une baisse de production en 2020 liée à la pandémie mondiale, le pays conserve son avantage de grand producteur de bioéthanol, avec un taux d’incorporation élevé et un parc industriel développé. Il bénéficie aussi d’une recherche mondialement reconnue, s’appuyant sur un budget important. Le Brésil est en 2e place avec notamment des niveaux de production, de consommation et d’exportation élevés. Son programme de soutien aux biocarburants encourage un taux élevé d’incorporation de bioéthanol. La taille conséquente de son parc automobile flex-fuel permet une demande intérieure importante. La France conserve la 3e place du classement : malgré une production en baisse ; le pays est autosuffisant en bioéthanol et dispose d’un mix de matières premières rentable grâce à l’utilisation de la betterave et à une organisation agroindustrielle performante.
Sur le marché du biogazole, le Brésil est en tête du podium en 2020. Le pays bénéficie toujours d’un fort soutien public et des investissements industriels élevés pour développer sa filière, facteurs essentiels qui garantissent son indépendance énergétique. Les États-Unis se placent en 2e position : le pays dispose d’un niveau de production en hausse malgré la crise sanitaire en 2020, qui alimente le fort niveau de consommation domestique. Le podium est complété par l’Indonésie, avec son utilisation exclusive d’huile de palme, matière première favorable à la production de biogazole et garantissant un faible coût d’approvisionnement grâce à des rendements d’huile par hectare élevés. La France, qui atteint la 6e place, pâtit de contraintes climatiques et phytosanitaires en 2020. Le marché intérieur français est important, mais la filière n’atteint pas l’autosuffisance en biogazole.
Conclusion
La compétitivité de la filière biocarburants française se révèle être à deux vitesses. D’un côté, la France confirme toujours ses atouts dans la filière bioéthanol et se positionne comme le leader européen. De l’autre, la filière biogazole française, qui se place en 2e position au niveau européen après l’Allemagne, reste fragile dans un contexte international de plus en plus compétitif.