Prospective stratégique sur les vins IGP : les futurs possibles partagés avec les acteurs de la filière

Prospective stratégique sur les vins IGP : les futurs possibles partagés avec les acteurs de la filière.

En partenariat avec l’institut Agro Montpellier et la confédération  Vin IGP, FranceAgriMer a  organisé une conférence  « Prospective stratégique sur la filière française des vins IGP : quatre futurs possibles à l’horizon  2040-2045 » le 29 novembre 2022 dans le cadre du salon Vinitech-Sifel à Bordeaux. Retour sur les points-clés de cette conférence.

Changement climatique, développement des biotechnologies et des pratiques correctives des vins ou maintien de pratiques traditionnelles, mise en avant des signes de l’origine ou environnementaux, influence de la grande distribution, du e-commerce… Quels futurs possibles pour les vins à indication géographique protégée (IGP) ?

Un groupe de travail, constitué à la demande de la confédération des vins IGP de France et  animé par la mission Prospective de FranceAgriMer et l’institut des hautes études de la vigne et du vin (IHEV) de l’Institut Agro Montpellier, s’est penché sur ces questions pendant 18 mois, afin de dégager les scénarios possibles pour le futur de la filière française des vins IGP.

La présentation de cette prospective, dans le cadre du salon Vinitech/Sifel, a  permis de partager ce travail avec les acteurs de la filière et de poursuivre la réflexion, à l’occasion d’une table ronde, sur les futurs possibles pour les vins IGP.

Françoise Brugière, cheffe de la mission Prospective à FranceAgriMer et Hervé Hannin, directeur du développement de l’IHEV et de la Chaire d’entreprises vigne et vin de l’institut Agro Montpellier ont présenté les travaux menés entre octobre 2020 et mars 2022 qui ont abouti à la rédaction des 4 scénarios.

La méthodologie, spécifique à la prospective, n’a pas pour objet de prédire l’avenir mais de permettre d’anticiper différentes situations que l’on pourrait rencontrer. Ces situations et les chemins qui y conduisent sont inscrits dans des scénarios qu’il s’agit de partager avec les décideurs de la filière.

Les quatre  scénarios ont été brièvement présentés, sans préjuger de leur caractère probable, souhaitable ou au contraire redoutable :

-      un scénario « Le choix entre une définition "agroalimentaire" et "l'entièrement obtenu" » s’appuie sur l’alternative qui s’offre aux IGP entre la possibilité de valoriser une spécificité vinicole d’IGP 100 % obtenue sur le territoire de l’indication géographique et la notion telle qu’elle est utilisée pour les produits agroalimentaires où le lieu de transformation définit l’IGP ;

-     un scénario « Des vins IGP technologiques, authentiques et accessibles », où l’intégration des innovations, notamment technologiques, est constitutive de l’engagement social et environnemental valorisé avec la provenance ;

-     un scénario « Vins IGP entre marque-plaisir et petit territoire pour niche de marché », où les IGP « terroir et authenticité » résistent mieux que les IGP «de marques de grande consommation » à la pression du changement climatique ;

-     et enfin un scénario «Vers une fusion IGP/AOP ? La productivité au risque du positionnement » qui voit les IGP profiter d’une ouverture règlementaire pour faire le pari de la productivité, sans parvenir à consolider la pertinence de la catégorie faute d’investissement marketing.

Ces scénarios ont été mis en débat au printemps 2022 lors de quatre réunions régionales pour faire émerger les enjeux et conséquences de chacun et conduire à l’expression de positionnement stratégique : faut-il favoriser un scénario, le défavoriser, s’y préparer ou se mettre en veille ? et quelles actions mettre en œuvre pour cela ? Ces réunions ont regroupé 117 acteurs de la filière des vins IGP et permis de récolter plus de 400 propositions d’action. Réunis en congrès en juillet 2022, les responsable de la Confédération ont pris connaissance de tous ces résultats et ont décidé de poursuivre la démarche pour passer d’une prospective à une stratégie.

Alain Desprat, directeur du syndicat des vins IGP Côtes-de-Gascogne, a insisté sur l’importance du signe de qualité IGP pour une mise en valeur équilibrée du territoire et des cépages, dans un bassin sud-ouest fort de cépages spécifiques autochtones (Colombard, Gros Manseng en blancs, et Tanat, Manseng Noir en rouges). Sa participation active à l’exercice lui a permis de partager les moteurs du succès des Côtes-de-Gascogne et de s’ouvrir à d’autres modèles.

Patrick Vuchot, directeur scientifique chez Smurfit Kappa Bag-in-Box, a montré à quel point les destins des vins IGP et du département Bag in Box de Smurfit Kappa sont liés, en insistant sur la montée en gamme permise par un conditionnement technologique et environnemental performant.

Après avoir expliqué pourquoi la confédération avait souhaité se lancer dans cette aventure au long cours qu’est une prospective, dix ans après la création de la catégorie européenne des IGP pour les vins, évolution règlementaire qui s’était traduite notamment par une refonte des cahiers des charges et une recomposition de l’offre, Gérard Bancillon, président de la confédération des vins IGP de France, a confirmé que la confédération se donne les moyens d’aller au-delà de l’identification des possibles et de poursuivre l’exercice par une démarche stratégique qui mobilise encore aujourd’hui les organismes de défense et  de gestion (ODG) pour la construction d’un projet fédérateur autour de l’IGP. 

Pour en savoir plus et découvrir les quatre scénarios à l’horizon 2040-2045, la synthèse et le rapport de la prospective sur la filière française des vins IGP sont consultables sur le site internet de FranceAgriMer, via les liens suivants :

https://www.franceagrimer.fr/content/download/69156/document/PROSPECTIVE_VINS_IGP_SYNTHESE.pdf

https://www.franceagrimer.fr/fam/content/download/69404/document/PROSP_ETU_VIN_IGP.pdf?version=1