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Filières viandes blanches : de nouveaux outils pour anticiper et s’adapter

Le conseil spécialisé « viandes blanches » de FranceAgriMer s’est réuni le 8 décembre 2022, sous la présidence de Jean-Michel Schaeffer, dans un contexte économique contrarié par la guerre en Ukraine et les crises sanitaires à répétition. Grâce à la concertation et aux travaux conjoints menés avec les filières végétales et les autres filières animales, de nouveaux outils se mettent en place, avec l’appui de l’État, pour mieux anticiper et construire un avenir durable, face aux défis économiques, environnementaux et sociétaux.
Mots-clés : viandes, Viandes blanches, oeufs, Economie, consommation, coûts de production, exportations, importations, alimentation animale, Engrais
Oeufs

La consommation de porc, de poulet et d’œufs progresse malgré l’inflation

Sur les neuf premiers mois de l’année 2022, la consommation totale de porc, calculée par bilan, a progressé de près de 3 % par rapport à 2021. La consommation totale de poulet a également augmenté de plus de 4 % sur la même période,  mais les autres volailles accusent un net repli (- 13 % pour la dinde et - 27 % pour le canard), en raison du recul de ces productions, très impactées par l’influenza aviaire. Selon les dernières données du panel distributeur IRI, les ventes de jambon cuit et d’escalopes de volailles se sont maintenues dans les grandes surfaces. Les ventes d’œufs, source de protéines bon marché, ont progressé depuis le mois de juin malgré un ralentissement en octobre.

Dans un contexte de hausse des prix, les consommateurs continuent de privilégier les marques de distributeurs plus économiques, alors que les marques nationales perdent du terrain. L’indice des prix à la consommation (IPC) a en effet fortement progressé en un an : + 17 % pour la volaille, + 15 % pour les œufs et + 10 % pour le porc.

Des coûts de production qui se maintiennent à des niveaux élevés

Les filières de production restent confrontées à des coûts de production qui se maintiennent à des niveaux historiquement élevés, qu’il s’agisse de l’alimentation animale ou du prix de l’énergie. Cette évolution se traduit par des cotations élevées au stade de la production, mais d’autres facteurs interviennent comme l’importance de l’offre par rapport à la demande. Alors que la cotation continue d’évoluer à la hausse pour les œufs et le lapin en raison d’une offre réduite, la cotation du porc a reflué ces dernières semaines suite à une augmentation saisonnière des abattages, ce qui dégrade encore la rentabilité des élevages porcins, déjà insuffisante.

Dégradation de la balance commerciale française

Qu’il s’agisse du poulet, des œufs, du foie gras, de la viande de porc ou de la charcuterie, la balance du commerce extérieur se dégrade en 2022. Le repli des exportations françaises, conjugué à l’augmentation des importations, expliquent dans la plupart des cas cette évolution. Seules les importations de foie gras n’ont pas progressé, mais les exportations en dehors de l’Union européenne sont en net recul suite au repli de la production française et aux embargos liés à l’influenza aviaire. La crise sanitaire touche également les œufs, avec un dépeuplement des élevages français de poules pondeuses. Le manque d’offre se traduit par un recul des exportations d’œufs et d’ovoproduits et par une augmentation des importations, à l’heure où le consommateur se tourne vers les protéines animales les moins chères.

Suivi des flux de matières premières destinées à l’alimentation animale

Annoncée lors du Salon International de l’Agriculture 2022, la plateforme « Flux de matières premières destinées à l’alimentation animale » devrait bientôt être opérationnelle. Émanation de la Stratégie Nationale Protéines et des travaux du Groupement d’Intérêt Scientifique Avenir Élevage, le projet est porté par FranceAgriMer, La Coopération agricole, Anvol, le Cniel, Duralim, Inaporc, Interbev, Intercéréales, le Snia, Sofiproteol et Terres Univia qui ont confié la réalisation de cet outil au Céréopa avec l’aide de l’Association Française de Zootechnie (AFZ), d’Agdatahub (https://agdatahub.eu/) et du cabinet d’études ABCIS Experts filières animales.

Cette plateforme offrira un outil de suivi des flux de matières premières destinées à l’alimentation animale, régulièrement mis à jour. Elle permettra de mettre en regard les disponibilités en matières premières par région avec les besoins des acteurs de la nutrition animale. Fruit d’un long travail de collecte et de croisement de données statistiques, économiques, zootechniques mais aussi d’enquêtes spécifiques et d’analyses de cycle de vie, cette plateforme produira des indicateurs de durabilité (économiques, environnementaux et sociétaux) pour chaque filière animale.

Les indicateurs sont en cours de validation par l’ensemble des partenaires et seront prochainement diffusés sur la plateforme API-AGRO d’Agdatahub et l’application Oriflaam financée dans le cadre du programme « Cap Protéines » piloté par Terres Inovia et l’Idele.

Cet outil permettra, plus largement, le suivi de la mise en place du Plan Protéines et de la souveraineté protéique de la France. Il contribuera ainsi à l’évaluation et à l’orientation des politiques agricoles par les pouvoirs publics. D’ores et déjà, un enrichissement de cette plateforme est à l’étude pour la production d’indicateurs concernant l’agriculture biologique, la part de l’alimentation animale non consommable par l’homme et les coûts d’approvisionnement. 

Élaboration d’un indicateur de coût de l’ovosexage

FranceagriMer a été chargé par le Ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire de suivre et d’objectiver les coûts de l’ovosexage, obligatoire depuis le 1er janvier 2023. L’État, à travers FranceAgriMer, a accompagné les couvoirs pour mettre en place de nouvelles technologies d’ovosexage, à hauteur de 10,5 millions dans le cadre de France Relance. Un accord interprofessionnel validé par le Conseil d’administration du CNPO en novembre dernier prévoit de mutualiser les coûts induits par ces nouvelles techniques, entre les couvoirs et la distribution, sans faire peser le coût de cette transition sur les éleveurs.

FranceAgriMer est en cours de construction d’un indicateur de coût qui reposera sur une déclaration des charges des couvoirs certifiées par un Commissaire aux Comptes ainsi que des résultats techniques obtenus, avant et après ovosexage. L’objectif est de publier d’ici l’été 2023 un indicateur révisable annuellement, si la méthodologie est adoptée par l’ensemble des parties prenantes. 

Par ailleurs, le conseil spécialisé a été informé des résultats de la veille concurrentielle internationale pour la filière des œufs et des ovoproduits en 2021, présentés par l’ITAVI. La France a récupéré la troisième place du podium en 2021, aux coudes à coudes avec la Pologne, derrière les États-Unis et l’Argentine. Mais qu’en sera-t-il demain dans un contexte de coûts de production élevés qui perdure et d’alerte maximum concernant l’influenza aviaire qui fragilise le potentiel de production et les exportations françaises ? La flambée des prix de l’énergie pourrait aussi impacter le secteur des ovoproduits séchés, soulignent les auteurs de l’étude.

Valorisation des effluents d’élevage en fertilisation

Dans un contexte de flambée du cours des engrais azotés susceptible de durer, le groupe de travail piloté par FranceAgriMer associant les filières d’élevage et les filières végétales souhaite expertiser la valorisation des effluents d’élevage en fertilisation, face aux nouveaux enjeux d’autonomie énergétique et de réduction des gaz à effet de serre pour les filières. Jusqu’à présent jugé trop coûteux dans le cadre de projets individuels, le traitement du lisier en fertilisant riche en éléments minéraux, mériterait d’être exploré dans le cadre de projets collectifs en association, le cas échéant, avec des méthaniseurs, estime l’IFIP. Le sujet sera également soumis à la commission thématique interfilières Bioéconomie de FranceAgriMer.

Photo Pixabay sur les oeufs

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Présentation conjoncture du marché des filières viandes blanches (porc, volaille) - 8 décembre 2022 - Informations de prix / production / échanges / consommation / alimentation animale
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