Conseil spécialisé « Grandes cultures » du 7 octobre 2025
Date de publication : 10/10/2025
© Julie Lambert/FranceAgriMer
Le conseil spécialisé « Grandes cultures » de FranceAgriMer s’est réuni le 7 octobre 2025, sous la vice-présidence d’Antoine Henrion.
À l’ordre du jour : conjoncture économique mondiale des marchés des oléoprotéagineux et du sucre, premières prévisions de FranceAgriMer pour la campagne commerciale 2025/26, focus sur la situation des grandes cultures en Ukraine et dispositif de soutien ouvert dans le cadre de la stratégie Ecophyto 2030.
Situation des marchés des oléoprotéagineux et du sucre : premiers bilans prévisionnels français pour la campagne commerciale 2025/26
Le colza français retrouve des couleurs
La production française est attendue en forte progression par rapport aux 5 dernières années à plus de 4,6 Mt (millions de tonnes). Les disponibilités totales pour le marché (collecte + stock initial + importations) sont estimées à ce stade à près de 5,9 Mt. Les utilisations devraient atteindre plus de 5,7 Mt dont 4,5 Mt destinés à la trituration et près de 1,2 Mt aux exportations.
Le tournesol peine à se redresser
La production française, estimée à moins de 1,5 Mt pour 2025, reste largement inférieure à la moyenne des 5 dernières années, malgré une légère progression par rapport à l’an dernier.
Les disponibilités totales pour le marché (collecte + stock initial + importations) sont prévues à 1,7 Mt. Les utilisations devraient rester stables par rapport à l’an dernier à 1,6 Mt dont moins de 1,2 Mt pour la trituration et 0,4 Mt d’exportations.
Des importations de soja nécessaires pour approvisionner les usines françaises de trituration
La récolte française est annoncée en baisse de 10 % par rapport à l’an dernier à 356 000 tonnes ; le recours aux importations conserverait son même niveau que l’an dernier à hauteur de 0,8 Mt pour approvisionner les marchés et maintenir l’activité de trituration à 0,9 Mt.
Protéagineux : stabilité des utilisations en pois, exportations de féveroles attendues en hausse
Avec une production de pois protéagineux annoncée à plus de 0,5 Mt, en progression de 8 % par rapport à l’an dernier, les utilisations intérieures, prévues à 186 000 tonnes et les exportations (132 000 tonnes) resteraient stables par rapport à 2024/25.
En féverole, la production estimée en forte hausse à 0,3 Mt, devrait permettre d’exporter davantage que l’an dernier (75 000 tonnes soit + 28 %). Les utilisations intérieures resteraient stables à 110 000 tonnes. Ces estimations seront affinées au fur et à mesure de l’avancement de la campagne.
Sucre : des disponibilités plus faibles pour l’exportation
Avec une production française 2025/26 en repli à 4,4 Mt (- 0,1 Mt par rapport à 2024/25) et un stock initial plus faible que l’an dernier, les disponibilités pour le marché sont plus faibles qu’en 2024/25. Si les utilisations sur le marché intérieur devraient rester stables à 2,6 Mt, les exportations françaises de sucre devraient reculer de 10 % à 2,05 Mt.
Pour en savoir plus, consulter le diaporama présenté au conseil.
Focus sur la situation des grandes cultures en Ukraine
Alexandre Tchesnakoff, responsable au Crédit Agricole des grandes entreprises et des PME, de l’agroalimentaire et des marchés financiers en Ukraine, a partagé avec les membres du conseil son analyse sur les filières des grandes cultures en Ukraine.
La Russie contrôle, à ce jour, 19 % du territoire ukrainien. Après l'invasion à grande échelle de 2022, la superficie consacrée aux principales cultures céréalières, industrielles et fourragères a diminué de 17,6 % en Ukraine. Elle s’est stabilisée depuis 2023 autour de 21,8 millions d’hectares. Si la majorité des agriculteurs ukrainiens cultivent entre 100 et 500 hectares, 75 % des terres sont détenues par une minorité d’entreprises de plus de 1 000 hectares. Le déclenchement de la guerre a encore accéléré le processus de concentration des exploitations agricoles.
La production de céréales en Ukraine pour la campagne commerciale 2025/26 est estimée par l’USDA à 61 Mt (30,5 Mt de maïs, 23 Mt de blé et 5,7 Mt d’orge), en hausse de 8 % par rapport à la campagne précédente. Les exportations devraient atteindre 44 Mt (24 Mt de maïs, 16,5 Mt de blé et 3,5 Mt d’orge), en hausse de 13 %.
La production d’oléagineux devrait se stabiliser autour de 24 Mt dont 7,6 Mt de soja (+9 % sur un an), 12,7 Mt de tournesol (-2 %) et 3,3 Mt de colza ( -12 %).
La production d'huile de tournesol devrait rester stable. La transformation de soja et de colza est attendue en hausse suite à l'introduction de droits à l'exportation à partir de l'automne 2025. La production de légumineuses reste relativement modeste. Essentiellement constituée de pois protéagineux, elle est attendue en repli en 2025 (420 000 à 450 000 tonnes contre 463 000 tonnes en 2024). Les exportations de pois pourraient toutefois atteindre 400 000 tonnes, en hausse de 6 % par rapport à 2024/25.
La production de sucre en Ukraine pour la campagne 2025/26 est estimée à 1,5 Mt, en baisse de 17 % par rapport à 2024/25, suite au repli des surfaces cultivées en betteraves sucrières.
Les exportations ukrainiennes de sucre pour la campagne 2025/26 sont prévues à 570 000 tonnes. L'accès au marché de l'UE sera restreint en raison des quotas tarifaires. Un nouvel accord commercial avec l'UE définira le nouveau quota (probablement 100 000 tonnes).
Appel à projets « Prise de risques amont aval et massification de pratiques visant à réduire l'usage des produits phytopharmaceutiques sur les exploitations agricoles »
Le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire a présenté l’appel à projets « Prise de risques amont aval et massification de pratiques visant à réduire l'usage des produits phytopharmaceutiques sur les exploitations agricoles », opéré par Bpifrance. Ce dispositif d’aide entend accompagner, à titre expérimental, le passage entre le stade de la recherche appliquée et la généralisation de méthodes éprouvées à l’échelle d’un territoire. Il vise à soutenir les projets portés par des acteurs économiques impliqués dans la valorisation des produits agricoles et en lien direct avec l’amont, pour réduire l’utilisation de produits phytopharmaceutiques, sans fragiliser l’activité de ces agriculteurs et plus globalement des chaines de valeurs auxquelles ils participent. Il est ouvert jusqu’au 14 avril 2026 à midi (heure de Paris), avec plusieurs relèves prévues les 21 octobre 2025, 14 janvier 2026 et 14 avril 2026.