Incidences économiques du développement de la vente en vrac assistée de l'huile d'olive au consommateur final
Date de publication : 06/11/2023
Dans le contexte global de développement de la vente en vrac, cette étude analyse l’impact économique, pour la filière oléicole française de la vente en vrac assistée de l’huile d’olive au consommateur.
Méthodologie
Dans le contexte d’éventuelles évolutions réglementaires et dans une vision stratégique, l’étude a pour objectif de mesurer l’intérêt économique pour la filière oléicole de développer la vente en vrac assistée d’huile d’olive française au consommateur final, en vue de lui fournir une aide à la décision sur l’opportunité de se positionner sur ce segment de marché.
Après un exposé du contexte réglementaire, l’étude comporte les trois analyses suivantes :
• la description des modes et lieux de consommation de l’huile d’olive en France, dans le but d’identifier les grands enjeux économiques et de volumes pour la filière ;
• la conduite des consultations, entretiens et focus groups afin de cerner les attentes des consommateurs et des opérateurs de la filière, depuis le fournisseur (producteurs et conditionneurs) jusqu’au distributeur ;
• l’évaluation des impacts potentiels du développement de la vente en vrac assistée pour la filière oléicole française, d’un point de vue économique et environnemental, et la formulation de recommandations pour accompagner le cas échéant la filière dans son adaptation.
Résultats
L’étude rappelle en préalable le contexte réglementaire en jeu et la notion de « vente en vrac assistée » : si la vente en vrac d’huile d’olive n’est pas interdite par la législation nationale encadrant la vente en vrac (loi AGEC du 10/02/2020 et loi Climat et Résilience du 22/08/2021), elle l’est en vertu de la législation européenne (règlement UE 2022/2104) qui exige que la vente au consommateur se fasse dans un conditionnement d’au plus 5 litres muni d’un dispositif de fermeture inviolable. Toutefois, afin de préserver la vente directe réalisée sur les lieux de production, il a été autorisé en France que l’opération de préemballage (remplissage et fermeture du contenant) soit effectuée en magasin par un professionnel. Ainsi est née la notion de vente en vrac assistée, à ce jour exception française.
Pour autant, l’huile d’olive française, qui se positionne sur un marché de niche à très haute valeur ajoutée et ne couvre que 4 % de la consommation française, n’est que très marginalement concernée actuellement par cette forme de vente, qui reste cantonnée aux moulins et non quantifiée. La vente en vrac « assistée » pratiquée en grandes et moyennes surfaces ou magasins spécialisés porte en très grande majorité sur des huiles d’olive importées, de qualité « cuisson », permettant de proposer un prix en accord avec les attentes des consommateurs ; elle ne pèse pas plus de 0,3 % de l’ensemble de la consommation française et elle n’est clairement pas le circuit privilégié pour des huiles d’olives premium.
Cette analyse est confortée par les entretiens, consultations et focus groups conduits dans le cadre de l’étude et qui révèlent des freins importants à l’achat en vrac d’huile d’olive, tant au niveau des consommateurs que des distributeurs, à l’exception des « convaincus du vrac ». Ainsi, les consommateurs, qui considèrent l’huile d’olive française comme un produit de qualité gustative supérieure, se méfient des conditions d’hygiène en magasin mais aussi de la conservation et de la traçabilité du produit. De leur côté, les distributeurs dénoncent la mauvaise rentabilité économique du rayon qui nécessite une gestion et des investissements spécifiques.
Pourtant, d’un strict point de vue environnemental, selon les critères de l’ADEME (analyse du cycle de vie) la bouteille a un impact significativement plus important que le vrac, et ce même si le consommateur utilise une bouteille à usage unique pour son achat vrac. De plus l’analyse des coûts économiques, si elle confirme le poids des surcoûts pour le distributeur dans le cas de la vente en vrac, pointe aussi des marges fournisseurs plus importantes pour ce mode de commercialisation.
Conclusion
Si à l’heure actuelle, seules des niches semblent exploitables, en vente directe ou points de vente spécialisés, la vente en vrac pourrait s’imposer comme une solution présentant un équilibre économique pertinent en cas d’évolutions de la réglementation environnementale qui pénaliseraient la chaine de valeur de la bouteille à usage unique (coûts logistiques liés au poids, taxation liée aux GES, prise en compte des externalités négatives…).
Pour ne pas subir ces évolutions, l’étude incite à travailler sur divers leviers dont :
• la poursuite du développement de solutions de distribution ;
• une offre vrac permettant une meilleure rentabilité des distributeurs ;
• la communication et la traçabilité améliorées en magasin pour lever les craintes des consommateurs.
Enfin, la piste du réemploi par le professionnel semble un axe de travail intéressant pour répondre aux nouvelles attentes sociétales, avec un modèle économique à étudier et à consolider avec les professionnels de la filière.