Structures de production laitière en France : livreurs et vendeurs directs
Date de publication : 23/07/2019
L’objectif de cette étude est d’analyser les évolutions des structures de production de la filière lait de vache française depuis la fin des quotas laitiers : effectifs, niveau de livraison, activité de transformation à la ferme. Les tendances observées avant l’arrêt des quotas se sont-elles confirmées ? Les divergences territoriales se sont-elles renforcées ?
Objectifs
La réorganisation du paysage laitier français avait débuté avant la fin des quotas laitiers. Elle s’était traduite par une diminution du nombre de livreurs, une augmentation de la livraison moyenne des exploitations et une concentration de l’activité laitière dans les bassins laitiers de plaine et certaines zones de montagne.
Méthodologie
Pour répondre aux objectifs de cette étude, deux sources de données ont été valorisées. Il s’agit de deux enquêtes de FranceAgriMer, mises en place suite à la parution du décret n°2015-729 du 24 juin 2015 relatif aux déclarations obligatoires dans la filière laitière :
• l’enquête annuelle livraison, réalisée auprès des premiers acheteurs de lait de vache, qui déclarent par exploitation laitière les volumes de lait livré ;
• l’enquête annuelle vente directe, réalisée auprès des exploitations faisant de la transformation à la ferme et qui permet de récolter la quantité de lait transformée sur l’exploitation et la ventilation par type de produits fabriqués, la quantité de lait éventuellement livrée et les circuits de commercialisation adoptés.
Les listes des opérateurs habilités à la production biologique (source Agence Bio) et à la production sous autres signes de qualité (source Inao) ont été recoupées avec les bases FranceAgriMer.
Résultats
Les données montrent une poursuite des tendances observées avant même la fin des quotas laitiers. La réduction du nombre de livreurs de lait de vache en France s’est confirmée, et s’est même accélérée depuis le 1er avril 2015.
En parallèle, l’augmentation de la livraison moyenne a continué, elle-même révélatrice d’un agrandissement des exploitations : 10 % des livreurs produisent plus de 800 000 litres de lait et près de la moitié dépasse même 1 million de litres, une proportion de grandes exploitations qui ne cesse de progresser. Celles-ci sont localisées en zones de plaine pour plus de 95 % et sont avant tout des formes sociétaires (GAEC). À l’opposé, il subsiste aussi de petites exploitations, livrant moins de 100 000 litres : elles représentent 9,3 % des livreurs et sont majoritairement des exploitations individuelles, localisées en zones de montagne. Un peu de plus de 5 % de ces petits livreurs sont en production biologique et un peu plus de 7 % en autres productions sous SIQO.
Le phénomène de concentration de la production laitière dans certaines zones du territoire s’est affirmé au cours des dernières campagnes. Dans des régions comme le sud-ouest et le centre, zones de polyculture-élevage, où l’activité laitière peut être en concurrence avec d’autres ateliers, la décroissance du nombre de livreurs s’avère plus rapide qu’à l’échelle nationale. La production se concentre dans d’autres zones : les bassins de plaine, le Grand Ouest en particulier, et certains massifs montagneux, tels que les Savoies, le Jura, les Vosges et la moitié est du Massif central, où les éleveurs sont parvenus à trouver de bonnes valorisations du lait pour pouvoir pérenniser leur activité, malgré les contraintes auxquelles ils doivent faire face. La production de lait sous signe de qualité, biologique ou plus souvent AOP, est une piste possible. La transformation de lait à la ferme et la vente directe en sont une autre.
Conclusion
Nombreux sont les facteurs qui influencent l’amont de la filière : coûts de production, prix du lait, surfaces, main d’œuvre disponible… mais également la situation sur le marché mondial, la suppression des aides communautaires et des mesures d’intervention, ce qui a soumis la filière à une plus grande volatilité. Pour y faire face, la filière lait de vache pourrait adopter de nouveaux choix stratégiques, entraînant des économies d’échelle, de gamme, d’agglomération et ayant pour conséquence une continuelle modification de la géographie laitière française.