Commerce maritime des produits agricoles et agroalimentaires
Date de publication : 16/06/2023
L’étude a pour objectifs d’éclairer sur le fonctionnement de la logistique maritime et portuaire des produits français à l’export et d’apporter une analyse stratégique et des recommandations.
Méthodologie
L’étude traite deux thématiques : la compréhension du fonctionnement maritime et portuaire à l’échelle globale et ses grandes perspectives, et les enjeux, contraintes et opportunités pour les filières françaises d’exportation par voie maritime. Elle se compose de deux parties : le fret maritime en vrac et en conteneurs. Les sources statistiques et qualitatives nécessaires à la réalisation de l’étude ont été obtenues des rapports sectoriels (FAO, USDA, EU) et maritime (Clarkson, Drewry, Alphaliner), des dossiers de presse et des échanges avec des acteurs clés.
Résultats
Les exportations françaises de produits agricoles en vrac concernent essentiellement les céréales. Pour les destinations hors d’Europe, la principale concurrence pour les céréales françaises provient de la mer Noire qui a la même proximité vers le bassin méditerranéen et est favorisée pour la distance vers l’Asie. Pour les exportations vers l’Europe, les arbitrages maritimes / terrestres dépendent des zones de production et de destination.
Les petits et moyens navires vraquiers (Mini bulk, Handysize, Handymax) sont utilisés pour les destinations proches. Les destinations éloignées et certains contrats (Égypte) exigent des plus grands formats (Panamax). Actuellement, il n’existe pas de différence importante de taux d’affrètement entre les différents gabarits.
Les ports des pays de la mer Noire et d’Amérique du Sud sont généralement capables d’accueillir des Panamax. Quatre ports français peuvent accueillir des Panamax, dont Rouen mais qui ne peut assurer un chargement complet (capacité des silos). Une bonne gestion du gabarit des navires est une donne importante en matière de concurrence dans le transport maritime des grains. La performance portuaire n’est pas liée qu’aux capacités nautiques, elle repose aussi sur des éléments de compétitivité du transit par le port (stockage, manutention) et de l’intermodalité.
Les échanges mondiaux de marchandises par conteneurs comprennent une part conséquente de produits agroalimentaires en conteneurs dry et reefer.
Le port du Havre domine pour les destinations américaines et d’Extrême-Orient, Marseille pour le bassin Méditerranéen, le Moyen-Orient et l’Afrique subsaharienne. Les grands ports maritimes (GPM) ont conscience de l’importance des flux agroalimentaires et dans le cas du Havre des exportations de boissons alcoolisées. La performance du passage portuaire des produits français des filières agroalimentaires doit passer par l’accompagnement des GPM.
Le contexte économique est compliqué depuis des années avec les guerres commerciales, la crise sanitaire, la crise énergétique, et enfin le ralentissement économique en cours. Durant la crise sanitaire, les chargeurs ont constaté des dysfonctionnements massifs de la conteneurisation qui ont pesé et dont certains pèsent encore sur les marchés principaux. Les taux de fret ont été rehaussés en 2021 et 2022 suite à une forte demande mondiale et aux resserrements de l’offre (consolidation des acteurs), avant de diminuer fin 2022.
Les taux reefer au départ de l’Europe (sauf vers l’Amérique latine) sont des taux « aller » plutôt élevés et rehaussés par la demande récente. Pour les taux dry, il faut distinguer le marché vers l’Amérique du Nord qui est dans un marché « aller » plutôt élevé, du marché vers l’Extrême-Orient qui est un marché « retour » plutôt bas.
Conclusion
Parmi les actions envisagées pour faire suite aux problématiques soulevées par l’étude, on peut citer :
• la mise à disposition et le suivi d’indicateurs stratégiques spécifiques au secteur agroalimentaire français (taux de fret, connectivité océanique, performance du passage portuaire, disponibilité des conteneurs reefer, solutions intermodales) dans le but d’informer les chargeurs et d’appuyer leurs décisions stratégiques à l’export ;
• une démarche collaborative autour de l’export de conteneurs rassemblant les filières de l’agroalimentaire, les ports, les logisticiens, les manutentionnaires et les armateurs pour échanger sur les problématiques rencontrées. La première de ces rencontres « AgroFret », organisée en partenariat entre FranceAgriMer, HAROPA PORT et l’ISEMAR s’est déroulée le 14 décembre 2023.