Echanges français de produits laitiers avec l'Union européenne - 2000-2018
Date de publication : 08/10/2020
Si les exportations françaises de produits laitiers ont globalement progressé depuis le début des années 2000, elles sont tirées par le débouché pays tiers, alors que les ventes vers les pays de l’Union européenne tendent à décroître, tant en valeur absolue qu’en part de marché. L’Union européenne représente toutefois le premier partenaire de la France dans son commerce de produits laitiers, avec 64 % des exportations et 98 % des importations en 2019. Cette étude analyse de manière détaillée l’évolution du commerce de produits laitiers de la France avec les autres États membres de l’Union européenne au cours des années 2000, en valeur et en volume (matière sèche utile), par grande famille de produits, afin d’identifier les forces et les faiblesses de la France dans ces échanges.
Méthodologie
Les données de commerce utilisées sont issues du site Eurostat à partir des déclarations de la douane française. Elles ont été extraites et présentées en valeur brute (euro courant) et en volume brut (kilogramme), converti en matière sèche utile. Les produits ont été regroupés en quatre grandes familles : les fromages, les produits ultra-frais (lait conditionné, lait concentré, yaourts et laits fermentés, crème), les produits secs (poudre de lait écrémé, poudre grasse, poudre de lait infantile, lactosérum, caséines et caséinates, lactalbumine, lactose) et les matières grasses solides. Afin de travailler à échelle constante sur l’ensemble de la période 2000-2019, le périmètre choisi est celui de l’Union européenne à 28.
Résultats
Les exportations de la France vers l’Union européenne sont caractérisées par un repli constant depuis 2014, qui se traduit par une contraction du débouché Union européenne aussi bien en valeur qu’en volume au profit des pays tiers. Cette dégradation des exportations est liée en premier lieu à de moins bonnes performances depuis le début des années 2010 sur les produits ultra-frais (et plus spécifiquement de la crème), mais également sur les produits secs. En parallèle, les importations de produits laitiers de l’Union européenne se sont renforcées depuis 10 ans, en raison d’un développement sur l’ensemble des familles de produits, mais plus particulièrement sur les fromages et les matières grasses solides. La conséquence est une dégradation du solde des échanges de produits laitiers de la France avec l’Union européenne depuis le début des années 2010. En valeur, le solde est tombé sous la barre des 3 milliards d’euros en 2018, avant de se redresser l’année suivante. En volume, le solde est déficitaire depuis 2017 : la France est structurellement importatrice nette de matières grasses solides et les exportations de produits ultra-frais, en chute depuis 2012, ne permettent plus de compenser ce déficit. Quelles que soient les familles de produits, au moins 90 % des volumes importés par la France proviennent principalement de six pays. Le portefeuille des clients européens est en revanche un peu plus large, ce qui assure à la France une certaine sécurité dans ses débouchés.
Conclusion
Pénalisée par certains facteurs tels que l’évolution baissière de sa collecte de lait, une consommation intérieure atone, des coûts de production relativement élevés par rapport à certains de ses concurrents, la France compense grâce à un maillon aval fort : ses industries laitières bénéficient d’une R&D pointue, fabriquent une large gamme de produits laitiers, sont de dimension internationale, exportent vers de nombreux pays sur tous les continents et sont bien implantées à l’étranger. Mais il apparaît aussi que les investissements des industries laitières françaises se font aujourd’hui plus à l’étranger que sur le territoire national : s’ils assurent le rayonnement de la filière laitière française à l’international, ou peuvent faciliter l’accès à de nouveaux marchés, ils peuvent également faire concurrence aux produits laitiers français vers ces débouchés et être un frein à leurs exportations.