Étude de marché pour valoriser la légine (Dissostichus eleginoides) sur le marché français et européen
Date de publication : 28/11/2023
La légine australe pêchée par les navires français est un poisson est très apprécié sur les marchés chinois et états-uniens, mais reste très peu connu sur le territoire métropolitain. Dans un contexte de fermeture des frontières chinoises lié à la pandémie de COVID-19, la filière de la légine française a souhaité explorer la possibilité de vendre ses productions sur le marché français, via une étude financée par FranceAgriMer.
L’étude se concentre sur la pêcherie de légine australe, emblématique de la flotte de pêche française dans l’océan Indien. Les 6 000 tonnes de captures annuelles sont principalement débarquées à la Réunion et exportées vers la Chine et les États-Unis. L’objectif de l’étude est d’aider la filière de la légine australe à élaborer un plan d’action commercial et marketing pour vendre sur les marchés français et européen. L’étude a été déclinée en quatre objectifs spécifiques : l’analyse du marché français de la légine, la compétitivité comparée avec d’autres origines, la comparaison avec des espèces similaires, et l’étude de la perception sur le marché français.
Méthodologie
La conduite de l’étude a d’abord nécessité une phase de structuration, qui inclut des entretiens avec les armements de l’ex-SARPC (Syndicat des Armements Réunionnais de Palangriers Congélateurs).
Il y a ensuite eu une phase de collecte de données (données douanières, données de production et autres données statistiques, entretiens avec les opérateurs français et européens,..), une phase de consultation des opérateurs pour la définition du plan d’action et une phase de valorisation des données collectées.
Résultats
La France est le premier producteur de légine australe (27 % des captures mondiales), suivie par l’Argentine (18 %) et l’Australie (17 %). Elle en consomme cependant peu : après avoir été débarqués, en grande majorité à la Réunion, les poissons sont exportés vers la Chine (54 %) ou vers les États-Unis (27 %), tandis que les exportations vers l’Europe sont limitées (9 %).
En France métropolitaine, les importations annuelles de légine avoisinent 120-130 tonnes, sous forme de légine entière congelée. Les quelques opérateurs qui importent de la légine ciblent la restauration haut de gamme, les prix de ce poisson étant parmi les plus hauts des produits aquatiques.
La comparaison avec d’autres pays européens a permis de révéler les similitudes entre le marché français et le marché britannique, basé sur l’import et tourné vers le haut de gamme. Le marché italien s’est présenté comme un débouché potentiel intéressant pour la légine australe française, du fait de l’importance de la restauration hors domicile et du fort consentement à payer des ménages italiens.
En comparaison avec les espèces étudiées lors du « Benchmark espèces » (sole congelée, thon en refresh et lotte fraîche), la légine est caractérisée par une commercialisation particulière. Soumise à un quota européen, certifiée pêcherie durable par le label MSC, disponible en faible volume et en provenance d’une pêche lointaine, ses prix dépassent largement ceux des espèces comparées, à tous les stades de la filière. Les prix pratiqués à l’import, ainsi que la méconnaissance des consommateurs français à l’égard de cette espèce empêchent sa comparaison même avec une espèce haut de gamme telle que la sole.
L’étude a mis en évidence les nombreux atouts de la légine (qualité, certification, pêcherie française), mais a également fait état d’obstacles importants qui entravent son développement (méconnaissance des consommateurs, prix, origine lointaine, présentation entière congelée). Au vu des prix, les segments de la grande distribution, des freezers centers, mais également des restaurants traditionnels, restaurants de fruits de mer et restaurants gastronomiques, semblent difficiles à conquérir pour la légine. La voie de commercialisation la plus compatible avec ses caractéristiques reste la restauration étoilée. Le plan d’action pour une meilleure commercialisation du poisson en France métropolitaine préconise le développement d’innovations produit, de stratégies commerciales ciblant les segments et marchés à forte valeur ajoutée, d’un plan de communication ciblé et de démarches collectives.
Conclusion
Réalisée dans un contexte de fermeture des frontières chinoises et des problèmes de commercialisation de la production française qui en ont découlé, l’étude avait pour but de documenter la filière française de la légine et d’offrir à ses opérateurs un plan d’actions ouvrant à une nouvelle commercialisation française et européenne. Dans cette optique, quatre préconisations ont été formulées par le bureau d’études, dont la mise en œuvre restera à la charge des organisations professionnelles et interprofessionnelles. La réouverture des frontières chinoises a cependant rassuré la profession, et les exportations de légine sont pour le moment, assurées.