Etude économique préalable à la mise en oeuvre d'un label bas carbone dans la filière vitivinicole française
Date de publication : 02/08/2023
Auteurs : AND international et Carbone 4
Cette étude donne notamment les éléments de contexte du marché du carbone actuel ainsi qu'un benchmark sur les filières agricoles ayant déjà mis en place un label bas carbone. Une estimation du potentiel d'économie carbone de la filière vitivinicole a également été faite, donnant différents scénarios de réductions d'émissions de gaz à effet de serre.
Le marché volontaire du carbone est en plein essor au niveau mondial. Le Label Bas Carbone (LBC), mis en place en France depuis 2018, permet à des porteurs de projet de commercialiser des crédits carbone sur le marché volontaire du carbone. Deux référentiels LBC étant en cours de développement dans la filière vitivinicole, l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV) et FranceAgriMer ont manifesté leur intérêt pour mieux connaitre le marché du carbone et estimer le potentiel d’économie carbone de la filière. Cette étude vise à éclairer les acteurs de la filière vin sur le fonctionnement du marché volontaire du carbone (notamment pour les crédits carbone issus du LBC), à quantifier le potentiel de crédits carbone issus de la filière vitivinicole et à formuler des recommandations sur la gouvernance du LBC au sein de la filière.
Méthodologie
Les travaux se sont basés sur des ressources documentaires, des entretiens auprès d’acteurs de la filière vitivinicole et ont utilisé une partie des outils de bilan carbone mis en place par l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV) pour fournir une estimation du potentiel de crédit carbone pour la filière.
Résultats
On distingue deux types de marchés du carbone, le marché volontaire, sur lequel les crédits LBC sont commercialisés, et les marchés réglementés.
Le marché volontaire du carbone est un marché de gré à gré, le prix des crédits carbone est ainsi déterminé au cas par cas entre les acteurs impliqués. L’achat de crédit carbone intervient directement dans la stratégie RSE des acheteurs finaux et dans leur storytelling. Le prix dépendra ainsi de la démarche de certification, de la nature du projet, de son origine géographique et de ces co-bénéfices.
Le potentiel de crédits carbone issus de la filière vin a été estimé en deux étapes. Tout d’abord, le niveau actuel d’émissions et de séquestration de la filière vin a été estimé, sur la base de données statistiques (notamment les enquêtes pratiques culturales d’Agreste) et bibliographiques, d’entretiens qualitatifs avec des experts de la filière et des facteurs d’émissions issus d’Agribalyse / ADEME.
Deux scénarios à échéance 2035 ont ensuite été élaborés. Ils concernent des hypothèses de réduction des émissions et d’augmentation de la séquestration. Ainsi, à l‘heure actuelle, nous estimons que la filière vin (viticulture, vinification, conditionnement et transport) émet 4,2 Mt éq CO2 et stocke 1,2 Mt éq CO2, le bilan est donc un solde d’émissions de
+ 3,0 Mt éq CO2. Dans le scénario « réaliste », la réduction pourrait atteindre 0,9 Mt éq CO2 (soit 0,9 Mt de crédit carbone) et 3,6 Mt dans le scénario « maximal ». En se basant sur un montant de crédit carbone pour les bénéficiaires (viticulteur, coopérative ou négociant) de 35 €/t, cela représenterait un montant de 33 M€ à 91 M€ pour les entreprises (soit 47 M€ à 130 M€ pour les acheteurs finaux à 50 €/t).
Conclusion
Dans le cadre de la mise en place du LBC dans la filière vitivinicole, les points suivants ont été identifiés comme nécessaires : mise en œuvre du LBC aux différents stades de la filière, valorisation des crédits viticoles en mettant en avant l’image de la filière, mise en place d’une organisation collective permettant de consolider les compétences et expériences de l’ensemble des acteurs, évaluation de la valeur ajouté du LBC par rapport à d’autres dispositifs financiers.