Études de marché de l'anguille en France et dans l'Union européenne
Date de publication : 20/01/2023
Cette publication se focalise sur le produit « anguille et civelle ». La filière française de pêche d’anguille souhaiterait valoriser leurs productions (civelles, anguille jaune, anguille argentée) sous une marque collective. Avant de constituer cette marque, la profession estime nécessaire d’avoir une meilleure vision des marchés français et européens ciblés par ses productions.
Objectifs
L’objectif du présent marché est la réalisation de trois études de marché dont les résultats permettront d’améliorer la connaissance des principaux marchés de l’anguille, et in fine de permettre aux pêcheurs professionnels français d’affiner la rédaction du cahier des charges de la marque collective :
1. le marché des fermes acheteuses de civelles françaises et les marchés finaux de consommation d’anguilles d’élevage : Allemagne, Pays-Bas, Danemark ;
2. les marchés de repeuplement européens (civelle) ;
3. les marchés français de consommation d’anguilles sauvages (anguille jaune et argentée).
Méthodologie
L’étude sur le marché de l’anguille dans les cinq principaux pays d’Europe concernés par cette filière (Pays-Bas, Allemagne, Danemark, Pologne et France) s’est articulée autour de trois thèmes : celui des fermes de grossissement, celui du repeuplement et celui du marché français de l’anguille.À l’issue de cette triple analyse alimentée par des travaux de recherche bibliographique, d’entretiens, de visites de terrain et d’enquêtes consommateurs, une synthèse de la situation de la filière européenne a pu être menée. Les forces et faiblesses de la filière française et le positionnement de cette dernière au sein des jeux d’acteurs européens, et en particulier de l’utilisation faite de la certification SEG (Sustainable Eel Group), ont ainsi pu être décrits. L’ensemble de ce travail a permis d’apporter des éléments de réponse quant à la pertinence d’une marque collective française, en cours d’élaboration, qui était une question centrale posée par cette étude.
Résultats
La filière européenne de l’anguille repose sur une forte collaboration néerlando-allemande autour de l’association ESA (Eel Stewardship Association) et d’un label SEG renforcé, mais est suspendue chaque année à l’éventualité d’une décision de la Commission européenne de limiter, voire interdire la pêche sous la pression des ONG environnementales. Le règlement européen 1100/2007 visant à la reconstitution du stock d’anguilles et décliné en PGA (Plan de Gestion de l’Anguille) nationaux a montré une relative efficacité. S’il n’est pas encore démontré que le repeuplement permet au stock d’Anguilla anguilla de se reconstituer, les mesures de repeuplement de civelles ou d’anguillettes, et de relâcher d’anguilles argentées font l’objet de pratiques assidues de la part des États souhaitant soutenir leur pêche anguillère, et permettent de maintenir le stock à un niveau bas mais stable. Les pays concernés conservent leur cœur de métier, la France tirant partie du Brexit et d’un travail de longue haleine sur l’amélioration des pratiques de pêche pour devenir le principal fournisseur européen de civelles d’une qualité désormais unanimement reconnue. La Hollande reste le principal éleveur d’anguilles et l’Allemagne le principal pays de repeuplement, alors que la filière danoise semble souffrir de son manque de structuration et de son isolement. En Pologne, autre pays de repeuplement, mais où les opérations menées par les pêcheurs ne sont pas subventionnées, la traçabilité des volumes de civelles importés est parfois incomplète. En marge de ces cinq pays, la péninsule Ibérique joue ses cartes de région productrice de civelles, importatrice d’anguilles et de civelles de consommation directe, mais aussi d’opérateur de première transformation d’anguilles à destination du marché européen de la restauration. Sur l’ensemble des pays concernés, la production aquacole stagne ou s’érode, et la consommation marque le pas. Néanmoins, un rebond semble toujours possible tant l’attractivité de ce produit, pourtant clivant, reste forte auprès de ses afficionados. En revanche, la filière européenne souffre de ses divisions autour de l’utilisation du label SEG, indispensable pour la défense de la filière mais controversé car parfois abusivement présenté comme incontournable par – et au profit de – certains opérateurs. Dans ce contexte, une marque collective « Anguille Responsable France » portée et financée par une interprofession de l’anguille française, à créer, mettrait en avant les efforts de la filière française pour la sauvegarde de l’espèce et s’afficherait en complément de la certification SEG. Elle constituerait l’outil visible de communication qui permettrait à l’interprofession française de peser sur la gouvernance d’une filière anguillère européenne aujourd’hui déséquilibrée et d’infléchir sa politique au profit de tous les opérateurs européens.