Exportations françaises de produits laitiers sur 30 ans
Date de publication : 29/04/2019
Auteurs : Élevage - Analyse économique des filières - Direction marchés, études et prospective - FranceAgriMer
Analyse sur 30 ans des exportations en valeur et en volume, par grande famille de produits laitiers et par grande zone géographique.
Objectifs
Le marché mondial est un débouché important des produits laitiers fabriqués en France : en effet, environ 4 litres sur 10 collectés sont exportés, alors que la consommation sur le marché intérieur est mature et progresse peu.
L’objectif de cette étude est d’analyser l’évolution des exportations françaises de produits laitiers sur les 30 dernières années (1988-2018), en valeur et en volume, par grande famille de produits et par grande zone géographique, afin de comprendre quels ont été les leviers de développement des exportations, entre augmentation des volumes, montée en gamme des produits et nouveaux débouchés.
Méthodologie
Les données de commerce utilisées sont issues du site Eurostat à partir des déclarations de la Douane française. Elles ont été extraites et présentées en volume brut (kilogramme) et en valeur brute (euro courant, hors restitutions) ; le prix moyen à l’export a été calculé à partir de ces deux variables, en euro courant / kg, donc non corrigé de l’inflation (d’environ 35 % sur la période étudiée).
Les produits ont été regroupés en quatre grandes familles : les fromages, les produits ultra-frais (lait conditionné, lait concentré, yaourts et laits fermentés, crème), les produits secs (poudre de lait écrémé, poudre grasse, poudre de lait infantile, lactosérum, caséines et caséinates, lactose) et les matières grasses solides.
La distinction a été faite entre l’Union européenne, dont le périmètre suit celui des adhésions successives des états membres, et les pays tiers, découpés en grandes zones : Afrique, Amérique, Asie, Europe (hors futurs états membres de l’Union européenne) et Océanie.
Résultats
Il existe différents leviers de croissance des exportations françaises, parfois complémentaires, selon les produits laitiers :
- Fromages : la hausse des exportations est liée à une augmentation des volumes vers l’UE et une revalorisation des prix vers les pays tiers. Sur la période récente, la stabilisation des volumes de fromages exportés a été compensée par une revalorisation du prix moyen à l’export, grâce à une part plus importante des fromages plus onéreux (pâte molle entre autres) aux dépens des fromages frais et fromages fondus.
- Produits ultra-frais : le repli des exportations vers l’UE n’est pas compensé par la croissance vers les pays tiers. Les ventes de yaourts et laits fermentés se sont développées vers l’Union européenne quand la crème a gagné des parts de marché vers les pays tiers.
- Produits secs : le développement des exportations date du début des années 2000, grâce à une croissance des ventes de poudre de lait infantile, devenu le 1er produit sec exporté en valeur (en volume, le lactosérum est le 1er produit sec exporté). Les exportations de produits secs diminuent vers l’UE mais progressent vers les pays tiers.
- Matières grasses solides : le repli des volumes exportés a été compensé par une revalorisation des prix. Les exportations se développent vers les pays tiers alors qu’elles reculent vers l’UE.
Globalement, au cours des 30 dernières années, les exportations françaises de produits laitiers ont connu un essor bien plus important vers les pays tiers (+ 313 % en valeur) que vers l’Union européenne (+ 77 %). Ainsi, les pays tiers, qui n’importaient que 21,5 % des produits laitiers en 1988, comptent en 2018 pour 39 % en valeur. Sur les dernières années, ce sont d’ailleurs ces destinations, et particulièrement l’Asie, qui continuent à tirer les exportations françaises à la hausse.
Conclusion
Même si les exportations sont orientées à la hausse sur le long terme, un ralentissement est constaté sur les dernières années. Il semble y avoir une tendance de fond, liée d’une part à une stratégie des industriels français d’investir dans des sites implantés à l’étranger pour produire « sur place » et d’autre part à une tendance baissière de la collecte française depuis la fin des quotas laitiers. La montée en gamme semble dans ce contexte un levier de croissance clé pour le développement des exportations.