Formation des prix dans la filière française de production du miscanthus
Date de publication : 15/09/2020
FranceAgriMer a lancé en 2019 une étude ayant pour objectif, d’une part, de caractériser les volumes de miscanthus présents sur le marché et leurs flux selon les différents usages et circuits de distribution ; et d’autre part de comprendre quels sont les prix pratiqués aux différents niveaux de la filière et quels facteurs de différenciation contribuent à leur formation. (Caractérisation des volumes produits, des usages et des flux et analyse des facteurs qui contribuent à la formation des prix).
Le Miscanthus est une plante graminée rhizomateuse pérenne (20 à 25 ans). En France, l’espèce cultivée est le Miscanthus Giganteus. Elle couvre aujourd’hui un peu plus de 6 400 hectares et fait preuve d’une importante dynamique de croissance, de l’ordre de + 10 % par an. Les acteurs impliqués dans la production, la transformation et la distribution du miscanthus se multiplient.
Méthodologie
Afin d’évaluer précisément les flux de l’offre de miscanthus, tant qualitativement que quantitativement, et de déterminer les mécanismes opérant dans la formation des prix pratiqués, des entretiens ont été menés avec les trois catégories d’acteurs présents sur la filière du miscanthus : les producteurs, les transformateurs et les metteurs en marchés. À l’issue de la phase d’entretiens avec les professionnels de la filière, les données obtenues ont été traitées, statistiquement et qualitativement. L’analyse a permis de caractériser pour chacun des trois types d’opérateurs les volumes traités, les types de transformations et de conditionnements réalisés sur le produit, les prix pratiqués, les débouchés et les circuits de commercialisation utilisés. La synthèse des résultats de chaque strate de la filière a ensuite permis d’élaborer un panorama complet des flux de miscanthus en France et des niveaux de prix par type de débouché, ainsi que leur évolution entre chaque catégorie d’acteurs.
Résultats
La production totale française de miscanthus en 2019 est estimée à 57 440 tonnes. 27 550 tonnes sont vendues aux transformateurs, soit presque la moitié de la production annuelle. Le reste est soit autoconsommé par les producteurs principalement pour une utilisation en litière animale (7 800 tonnes), soit vendu en direct aux agriculteurs et éleveurs (13 940 tonnes), aux collectivités (2 820 tonnes) ou aux particuliers (4 100 tonnes), soit vendu aux grossistes et jardineries (1 600 tonnes). Ces derniers s’approvisionnent également auprès des transformateurs, pour environ 6 000 tonnes. Sur la globalité de la production, la litière est le premier débouché du miscanthus (46 %), suivie de la combustion en déshydratation (22 %) et du paillage (20 %). Le débouché chauffage représente 8 %. Le coût de production est d’en moyenne 64 € par tonne ; le prix moyen en vente directe (en vrac) du producteur au consommateur final est de 142 € par tonne avec des écarts selon les différents usages. Les transformateurs vendent quant à eux en moyenne à 181 € par tonne dans le cadre de vente au client final ou 276 € par tonne dans la cadre de vente à des grossistes et jardineries. Enfin les grossistes s’approvisionnent autour des 276 ou 315 € par tonne en fonction de la source (transformateur ou producteur en direct) mais présentent des prix de vente au client final bien plus élevé, de 2 000 € par tonne en moyenne, notamment car ils proposent des petits conditionnements en sac qui sont très bien valorisés.
Conclusion
Le caractère très local du marché du miscanthus explique les bons niveaux de valorisation et la disparité de prix que l’on observe actuellement, notamment dans le cas de la vente directe. Néanmoins, le développement rapide des surfaces, + 18 % entre 2018 et 2019, pourrait mener à une concurrence accrue entre les acteurs, ce qui impacterait les niveaux de prix et de marge. Avec 40 000 tonnes supplémentaires de miscanthus qui seront disponibles d’ici 2023, de nouveaux débouchés sont indispensables. Le travail de recherche et développement et les tests sont donc à poursuivre sur les débouchés écoconstruction et bioplastiques.