Impact de l'inflation sur la consommation alimentaire
Date de publication : 11/07/2023
Cette étude s’intéresse à l’évolution de la consommation alimentaire dans le contexte de la crise inflationniste de 2022. Elle tente d’analyser la hausse des prix selon les circuits de distribution, les marques, les gammes et les familles de produits. Elle détaille également quels arbitrages les ménages français ont dû mettre en place pour limiter l’impact de cette hausse.
Cette étude a plusieurs objectifs :
• analyser la hausse des prix selon les types de produits, de marques, de gammes et de circuits, dans un cadre temporel et géographique ;
• définir les comportements et les tendances de consommation en 2022 par rapport aux années précédentes ;
• détailler les arbitrages « anti-inflation » mis en place par les ménages français pour limiter l’impact de la hausse des prix sur leur budget alimentaire ;
• dresser un état des lieux des répercussions des différences sociodémographiques sur les niveaux de consommation.
Méthodologie
L’étude se base sur une pluralité de sources spécialisées dans l’objectif de fournir un portrait précis de la consommation alimentaire en 2022 :
• données des sociétés Kantar Worldpanel et Circana pour les quantités achetées et sommes dépensées par les ménages pour leur consommation alimentaire à domicile ;
• données de l’Insee pour les indices de prix à la consommation et d’indices de chiffres d’affaires restauration ;
• relevés de prix du Réseau des Nouvelles des Marchés ;
• résultats d’enquêtes de Nielsen IQ.
Résultats
L’étude révèle des niveaux d’inflation inédits depuis plus de 30 ans, dépassant largement ceux de la crise financière mondiale de 2008. La hausse des prix s’observe dès fin 2021 et atteint 12 % en décembre 2022. Elle continue d’augmenter pour atteindre 16 % en mars 2023.
L’atypisme des deux années de la crise Covid, 2020 et 2021, a vu naître des premières modifications de comportements de la part des consommateurs et les résultats ici présentés mettent en évidence une certaine continuité des changements de comportements, ayant pour objectif de minimiser l’impact de la hausse des prix sur le budget des ménages français.
Les arbitrages « anti-inflation » ont pris des formes diverses. Premièrement, les analyses de nos données révèlent une hausse des sommes dépensées alors que les volumes achetés sont en recul. Ce sont les produits frais traditionnels (PFT), stands à prix variables type fromagerie, charcuterie, primeur, qui sont les principales victimes de cette tendance baissière (-2,6 % en dépenses et -9 % en volume en cumul annuel sur le total PFT). Concernant les produits de grande consommation (vendus à poids fixe), ce sont les produits à forte valeur faciale qui subissent les plus forts reculs d’achats (viandes surgelées et hachées fraiches, produits aquatiques…).
De plus, il semblerait qu’il n’y ait pas d’impact véritable sur le choix des circuits. L’arbitrage s’effectue plutôt sur le type de marque, en faveur des marques de distributeurs (+ 7 % pour les MDD économiques en volume) délaissant ainsi les marques nationales (- 3 %). Le marché des produits biologiques recule fortement malgré une érosion de l’écart de prix entre bio et conventionnel.
La diminution de fréquentation des points d’achats et la réduction des tailles de panier permettent, en parallèle, de mettre en place des logiques de prévention du gaspillage alimentaire et ainsi de contrôler au mieux les dépenses.
Toutefois, les ménages français ne sont pas tous égaux face à ces arbitrages. L’analyse par critères sociaux-démographiques met en évidence des différences de comportements d’achats, notamment entre les ménages jeunes et séniors : les ménages de plus de 65 ans sont ceux qui ont le moins réduit leur consommation en volume, en particulier de produits frais traditionnels (- 1 %) alors que les moins de 35 ans sont ceux qui l’ont le plus réduit (- 9 %).
Conclusion
On retiendra de cette année 2022 la baisse des volumes achetés par les ménages, notamment sur les produits frais traditionnels, alors que les produits de grande consommation semblent mieux résister à la crise inflationniste. Les ménages français cherchent à concilier qualité de leur alimentation avec leurs contraintes de pouvoir d’achat, ce qui représente un véritable défi, tant pour les consommateurs que pour les filières agricoles.