La pisciculture en circuit « recirculé »
Date de publication : 21/10/2019
Il s'agit d'une étude sur une nouvelle filière possible pour le développement de l’aquaculture en France en examinant la technologie RAS (recirculated aquaculture systems).
Objectifs
L’Unité Pêche et aquaculture de la Direction Marchés, études et prospective de FranceAgriMer vise à travers cette étude à analyser les opportunités que pourraient apporter le développement des systèmes de pisciculture en « circuit recirculé » (RAS, Recirculated Aquaculture Systems) afin de déterminer si ces systèmes, plus économes en eau que les systèmes piscicoles classiques, sont à la fois économiquement viables, socialement acceptables et valorisables sur le marché français.
Méthodologie
Cette étude se base tout d’abord sur un recensement des savoir-faire et une typologie de l’existant, par l’utilisation de données techniques et scientifiques, la connaissance des différents types de systèmes recirculés en fonction des espèces utilisées (zootechnie, c’est-à-dire une analyse du couple espèce / systèmes d’élevage), et ses évolutions depuis 30 ans. Le groupement s’appuie sur des entretiens et questionnaires ainsi que des visites de sites. Les contraintes réglementaires et techniques ainsi que les infrastructures, investissements et diversité des systèmes sont étudiés à partir d’entretiens et rencontres avec les porteurs de projet et autres acteurs de la filière. À côté de cette connaissance d’un nouveau système de production, une analyse complémentaire des potentialités de marché a été faite, en examinant notamment le versant consommateur. Pour ce faire, une enquête a été mise en ligne afin de donner une approche qualitative à travers l’interview d’une douzaine de grands témoins d’une part, et à travers un blog consommateur pour recueillir les avis de consommateurs au sujet de cette technologie d’autre part.
Résultats
Il existe une multitude de systèmes en eau recirculée en fonction du niveau de recirculation de l’eau, lui-même dépendant de l’espèce et de la densité d’élevage choisie. Le RAS fait en réalité cohabiter deux « élevages » en un : les poissons des bassins et les bactéries du filtre biologique. La quantité d’aliment distribuable / m3 d’eau et par jour définit la capacité d’un système RAS.
L’intérêt écologique de ce système réside dans la mise en recirculation d’une grande partie de l’eau utilisée pour l’élevage après une étape préalable de traitements d’épuration et de régulation via des filtres mécaniques et biologiques. En cela, le RAS utilise 90 % d’eau en moins que les autres systèmes de production aquacole et permet de contrôler totalement la qualité du milieu d’élevage et de pratiquer l’aquaculture dans des sites où les quantités d’eau sont limitées.
Une grille d’analyse a été faite sur 80 espèces animales, mais aussi végétales (spiruline, autres micro-algues) ayant donné lieu à des recherches ou élevages aquacoles. Elle a été dotée d’un système de notation suivant 36 critères différents, notamment liés au statut réglementaire, aux caractéristiques de l’espèce, à la maîtrise zootechnique et sanitaire, ainsi que les potentialités de marché. D’après l’approche qualitative et les potentialités de marché, l’acceptation de cette technologie RAS est confirmée, la technologie ne fait pas peur et ses avantages environnementaux sont reconnus. Les espèces d’eau douce sont considérées avec intérêt. Le besoin de pédagogie de la part des producteurs et de la filière auprès des consommateurs est clairement mis en évidence.
L’enquête qualitative souligne en même temps le haut degré d’exigence nécessaire en termes de qualité du produit, de transparence des procédés, de respect de l’environnement et du bien-être animal. Auprès des consommateurs, les éléments d’analyse ont montré qu’à qualité égale, le marché était prêt à payer le même niveau de prix pour les produits issus de RAS que pour leurs alter egos présents actuellement sur le marché. Ceci est un point essentiel et encourageant dans la réflexion sur la viabilité du modèle économique. Le concept est aujourd’hui techniquement réaliste, les différentes briques techniques étant arrivées à des points de maturité et d’adaptabilité suffisants. En revanche, les porteurs de projets ont besoin d’un accompagnement indispensable de la part des pouvoirs publics pour simplifier et faciliter les démarches administratives préalables à la mise en exploitation des sites aquacoles. Les systèmes RAS représentent une des dernières opportunités de développer l’aquaculture française, ce qui nécessitera de repenser et d’adapter le cadre réglementaire à ces nouveaux systèmes, de soutenir localement le développement de ces élevages et de ne pas sous-estimer la fragilité de l’image de ces élevages « hors sol ».