Opportunités des blés français sur les marchés ASEAN
Date de publication : 24/07/2019
L’Asie du sud-est, de par sa situation géographique et climatique, est une région du monde où la production de blé est quasiment nulle. Or, cette région, avec la croissance des classes moyennes, voit ses habitudes alimentaires s’occidentaliser. La consommation de blé est en effet en forte croissance ces dernières années au point de voir désormais l’Indonésie à la 2ème place des importateurs mondiaux, non loin derrière l’Egypte. Dès lors, dans un contexte de concurrence accrue entre les grands pays exportateurs de blé tendre, se pose la question des opportunités à l’export que pourrait représenter cette zone pour la France.
Quatre pays ont été ciblés pour cette étude : l’Indonésie, les Philippines, la Thaïlande et le Vietnam. Le premier temps de cette étude se concentre sur la caractérisation des marchés du blé dans ces pays. Les utilisations sont en effet variées avec une part importante pour l’alimentation humaine (produits panifiés, viennoiseries, nouilles, etc.) et une part toute aussi conséquente pour l’alimentation animale, les secteurs de l’élevage (porcin, volailles et aquacole principalement) étant très développés dans cette région. Même si l’ensemble des marchés étudiés sont effectivement actuellement en croissance, l’étude a mis en évidence une réactivité, une présence et une concurrence déjà très fortes des principaux exportateurs. Les fournisseurs historiques de ces pays comme les États-Unis et l’Australie restent leaders concernant les blés de qualité et les exportateurs de la région Mer noire ont très vite saisi l’opportunité pour exporter déjà d’importants volumes vers ces pays (notamment en fourrager). D’autre part, l’étude met en avant l’importance de la connaissance fine des barrières tarifaires et non-tarifaires pour pouvoir pénétrer ces marchés. Finalement, un point important soulevé par l’étude est le manque de connaissance des caractéristiques des blés français de la part des importateurs de ces pays. Aussi, une meilleure connaissance de l’offre française par les acheteurs locaux pourrait être un préalable au positionnement de cette dernière sur des marchés de niche de préférence (notamment produits panifiés et viennoiseries haut de gamme) où le blé français peut présenter un avantage qualitatif par rapport aux origines Mer noire par exemple.
Objectifs
Le suivi des marchés à l’export est stratégique pour un pays comme la France dont environ 50 % de la production de blé est exportée à l’étranger. Avec un marché mondial du blé de plus en plus compétitif et où l’export vers les destinations historiques de la France est de moins en moins garanti, il paraît important de diversifier ses destinations à l’instar de ce que font d’autres grands pays exportateurs comme la Russie et l’Ukraine. La région ASEAN apparaît alors comme un immanquable à étudier au vu de son émergence sur le marché et de l’importante augmentation de ses importations. Cette étude a donc pour objectif de caractériser au mieux les marchés du blé et la demande dans cette région du monde (pays ciblés : Indonésie, Philippines, Thaïlande et Vietnam) pour in fine évaluer le potentiel d’exportation de la France vers ces pays.
Méthodologie
Pour mener à bien cette étude et répondre à son objectif, 5 axes thématiques, comportant chacun plusieurs indicateurs, ont été établis (le potentiel de production et la concurrence locale, les marchés et les échanges internationaux, les opérateurs locaux et la transformation, l’organisation et la réglementation et enfin le contexte macro-économique). Une fois ces critères d’analyse identifiés, la collecte des données a eu lieu en deux phases. Une 1ère phase de collecte d’informations statistiques a été menée, puis a été complétée par une série d’entretiens en face à face avec les différents acteurs de la filière (une vingtaine d’entretiens pour chacun des quatre pays).
Une fois ces quatre marchés bien définis et caractérisés une analyse SWOT (forces, faiblesses, opportunités et menaces) de l’offre française a été conduite puis mise en comparaison avec les principaux pays exportateurs déjà présents sur ces marchés (notamment Australie, États-Unis, Ukraine).
Résultats et conclusion
L’Indonésie est de loin le plus gros importateur parmi ces 4 pays (10,4 Mt en 2017). L’Australie reste le principal fournisseur de ce pays en blé mais la part des origines mer Noire est grandissante au vu de leur bonne compétitivité. Viennent ensuite les Philippines (5,4 Mt) qui se fournissent en blé meunier principalement en Australie et aux États-Unis et pour le blé fourrager sur le bassin de la mer Noire.
Pour la Thaïlande (2,7 Mt) et le Vietnam (4,6 Mt), il s’agit principalement d’importations de blé fourrager et dont les origines peuvent être plus diversifiées, notamment pour le Vietnam, avec tout de même une domination là encore de la mer Noire. De manière générale l’ensemble de ces marchés est actuellement en croissance tant sur le secteur fourrager que meunier. Les tendances d’évolution et les besoins diffèrent cependant et l’opportunité des blés français est donc variable selon les pays. L’Indonésie importe beaucoup de blé meunier et porte principalement son attention sur le prix qui se doit d’être très compétitif. Le Vietnam et les Philippines, consommateurs de pain, offrent davantage de débouchés spécifiques à l’origine française. La modernisation de leurs élevages ouvre également des perspectives intéressantes pour les blés fourragers de qualité.
Le prix des blés français restent la principale barrière pour pénétrer ces marchés ainsi que la mauvaise connaissance des importateurs de ces pays des caractéristiques réelles des blés français. Ces caractéristiques doivent être davantage identifiables par les importateurs étrangers, ces derniers sont en effet désireux d’en connaître plus au sujet des blés français. Par ailleurs, les blés français ont une bonne image générale : jouer sur la promotion et l’accompagnement des premiers envois pour espérer lancer au mieux de nouveaux flux d’exportations vers ces pays pourraient avoir un rôle majeur.
Les marchés de niche tels que les pains et viennoiseries haut de gamme ou encore les blés fourragers de qualité pour des secteurs à valeur ajoutée tels que l’aquaculture ou l’élevage porcin semblent être les meilleures opportunités pour les blés français afin de réduire la concurrence avec les origines mer Noire.