Solutions financières pour accompagner l'évolution des élevages de porcs
Date de publication : 13/02/2020
L’élevage porcin est marqué par le vieillissement des éleveurs, l’existence de nombreux outils trop vétustes pour être transmis, et un manque significatif de candidats à l’installation. Sur le long terme, on constate de plus une érosion de la rentabilité de l’activité, alors qu’elle se caractérise par un besoin élevé en capitaux. Enfin des attentes toujours renouvelées en termes de bien-être animal, de protection de l’environnement… génèrent des coûts supplémentaires pour les éleveurs.
Dans ce contexte, cette étude a pour objectif de réaliser un état des lieux du besoin et de l’offre en financement pour les différentes nécessités des élevages (installation, cycle d’investissement, cycle d’exploitation). Elle doit formuler des recommandations à destination des éleveurs (établissement de « fiches solutions »).
Méthodologie
En terme de méthode, l’étude s’appuie sur l’analyse des exploitations porcines françaises à partir des données comptables du RICA, sur une vingtaine d’entretiens auprès d’acteurs privés (OP, éleveurs, banques, centre comptable) et publics (Conseils régionaux, Caisse des dépôts et consignation, Bpifrance, Fonds européen d’investissement …), sur une confrontation des besoins et de l’offre de financement lors d’un focus group associant acteurs de la filière et financeurs, ainsi que sur une large bibliographie.
Résultats
Le financement bancaire en France fonctionne globalement bien : pour le financement des investissements « de croisière », les financements classiques suffisent (subventions, prêts et garanties bancaires, prêts d’honneur, prêts familiaux ou du cédant, prêt ou caution de l’OP).
Des difficultés de financement apparaissent dans deux situations : (1) un risque jugé trop important du fait du montant du projet ou du manque de références sur le candidat ou le projet, et (2) le manque de porteurs de projets qui peut conduire à chercher des investisseurs extérieurs.
Pour ces situations, les instruments financiers tels les fonds de garantie, de prêt ou de capital investissement, peuvent être des solutions utiles si elles sont bien adaptées à la demande.
Il existe néanmoins des freins culturels face au capital investissement, qui modifie la gouvernance de l’exploitation.
D’autres options sont encore étudiées :
- Allonger la durée des prêts pour le jeune qui s’installe, au vu de la durée d’utilisation qu’il fera du bâtiment.
- Améliorer le dispositif de portage du foncier par la Safer (avec éventuellement prise en charge des intérêts de prêt par la Région et apport d’une garantie de bonne fin par les pouvoirs publics, et non par la banque).
- Encourager des éleveurs en activité à apporter des capitaux à des jeunes sous forme d’achat de parts sociales.
- Séparer le capital immobilier du capital d’exploitation : l’OP investit dans l’immobilier, au moyen de fonds d’investissement alimentés par ses capitaux et d’autres acteurs (Avril, Sofiprotéol, Bpi….), et le loue aux éleveurs.
- Pour l’aval, renforcer la contractualisation avec les producteurs pour conforter leur business plan.
- Réduire la fiscalité et faciliter l’installation par la Déduction pour Transmission et Installation (DPTI).
En tout état de cause, les outils financiers « innovants » ne sont qu’un élément de réponse aux problématiques d’installation, de modernisation et d’agrandissement des élevages.
Conclusion
Cette étude permettra aux éleveurs de connaître l’ensemble des solutions possibles de financement et de les comparer entre elles. Les instruments financiers utilisables en agriculture (fonds de garantie, fonds de prêt…) sont souvent complexes à comprendre, aussi des « fiches solutions » pour les solutions innovantes, établies dans le cadre de l’étude, seront diffusées auprès des professionnels et des OP.