2025
Partage des éclairages économiques et poursuite des réflexions stratégiques pour la filière viticole française

Une séance du conseil spécialisé « Vin et Cidre » de FranceAgriMer dédiée au partage des éclairages économiques sur le secteur, aux échanges et à la concertation.
Le conseil spécialisé « Vin et Cidre » de FranceAgriMer s’est réuni le 12 mars 2025, à Montreuil, sous la présidence de Jérôme Despey. Cette séance a été consacrée, pour l’essentiel, à un large temps d’éclairages, de partage et d’échanges avec les représentants des familles professionnels de la filière viticole, sur l’ensemble des données économiques du secteur vin (des évolutions historiques jusqu’aux derniers bilans). Ces travaux dédiés à l’analyse et à la concertation visaient à apporter aux acteurs de la filière viticole française les éclairages pour permettre la poursuite des travaux de réflexion collective sur le plan filière et les choix stratégiques à opérer.
Après un point sur les grandes évolutions historiques du secteur (développement du vignoble français, encépagement, production, consommation…), les équipes de FranceAgriMer ont partagé, avec les membres du conseil, des focus sur les marchés à la production, à la consommation et sur le commerce extérieur.
Achats de vin par les Français pour leur consommation à domicile : un bilan 2024 qui témoigne de la poursuite de la lente érosion de la consommation globale des ménages
Source : Circana et Kantar Worldpanel pour FranceAgriMer
L’année 2024 reste ans la continuité des précédentes, avec la poursuite de la lente érosion de la consommation de vin en France : 8 Mhl de vin achetés pour la consommation à domicile en 2024, soit une baisse de 4 % par rapport à 2023 et 4,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires (- 4 % par rapport à 2023).
Presque toutes les couleurs, vignobles et segments perdent des acheteurs en 2024, particulièrement le rouge (- 7 % en volume par rapport à 2023).
Cette érosion de la consommation est liée à la baisse des achats, de leur fréquence et, en particulier, à une perte de pénétration (très marquée notamment chez les plus jeunes).
A noter également, les 50-64 ans, qui consommaient habituellement du rouge, se tournent au fur et à mesure du glissement des générations vers le rosé et le blanc.
Si la baisse de pénétration touche toutes les tranches d'âge, elle est moins importante sur les 50-64 ans et surtout les 65 ans et plus (qui restent les premiers consommateurs de vin, même si on constate une perte de pénétration significative liée au glissement des générations).
Par contre, on note une perte de pénétration importante chez les moins de 39 ans (plus de 60 % des ménages n’achètent du vin qu’au moins une fois dans l’année).
Côté contenant, la bouteille en verre de 75 cl est le format le plus impacté, avec - 11 % en volume en trois ans.
Pour ce qui concerne les vins tranquilles AOP (- 3 % en volume et - 2 % en valeur en 2024), presque toutes les couleurs sont touchées, avec en particulier une baisse des acheteurs plus importante pour les rouges (- 6 % en volume). Les rosés, et surtout les blancs, sont également en baisse en volume, mais bénéficient d’une meilleure valorisation (seulement - 2 % en valeur par rapport à la moyenne trois ans pour les rosés).
Les achats de vins tranquilles IGP montrent la même tendance avec - 4 % en volume et - 2 % en valeur par rapport à 2023. A noter, les 50-64 ans se tournent de plus en plus vers es IGP blancs, ce qui permet à cette catégorie une meilleure valorisation. Les contenants Bag-in-Box 3 litres sont particulièrement porteurs (+ 11 % en volume pour les IGP blancs standards par rapport à la moyenne trois ans).
Les Vins sans indication géographique (VSIG) sont le seul segment qui ne baisse pas, avec des ventes en légère hausse en volume et une meilleure valorisation (+ 0,2 % en volume et + 5 % en valeur par rapport à 2023).
Concernant les visn effervescents, la baisse de consommation est moins importante que pour les vins tranquilles (- 2 % en volume comme en valeur par rapport à 2023, avec 164 millions de cols vendus et 1,4 milliard d’euros), mais avec une situation très contrastée :
- le très fort recul des ventes de Champagne avec 26,7 millions de cols vendus en 2024 pour 345 millions d’euros (soit - 26 % en volume par rapport à la moyenne trois ans et - 10 % en volume et - 6 % en valeur par rapport à 2023). Cette très forte chute d’attractivité du Champagne, constatée depuis 2021, touche toutes ses catégories d’acheteurs.
- la croissance des AOP, mais un ralentissement constaté avec seulement +1 % en 2024.
- la décroissance des pétillants et aromatisés alcoolisés.
- la très forte croissance des vins effervescents étrangers, portée par les Prosecco (+ 9 % en volume par rapport à 2023), qui représentent, en 2024 quasiment 1/3 des volumes de vins AOP effervescents (19 millions de cols vendus en 2024 contre moins de 10 millions de cols en 2020).
Focus sur le bilan du commerce extérieur : une année 2024 contrastée, avec des exportations françaises de vin en baisse en valeur
Source : Trade Data Monitor/Elaboration FranceAgriMer
Pour la deuxième année consécutive, les exportations françaises de vin sont en baisse en valeur (11,7 milliards d’euros en 2024) avec une légère augmentation des volumes exportés.
Le prix moyen est, quant à lui, légèrement à la baisse, mais reste globalement assez élevé (au-dessus de 9 €/litre).
L’essentiel des pertes en valeur et en volume est lié aux vins effervescents, notamment au Champagne particulièrement orienté à la baisse (- 10 % en volume et - 330 millions d’euros, soit environ - 8 % en valeur en 2024 par rapport à 2023), même si les niveaux à l’export restent élevés (4 milliards d’euros).
L’année 2024 se caractérise également par plusieurs périodes contrastées pour les acteurs à l’export : un premier semestre compliqué, puis le déclin de l’inflation qui a permis une reprise des expéditions en volume à partir de l’été et une situation particulière en fin d’année avec la constitution de stocks de précaution et l’élection américaine qui a engendré des expéditions en forte hausse sur les deux derniers mois de 2024.
Pour les Etats-Unis, premier marché en volume (14 % de parts de marché) et en valeur (2,4 milliards d’euros) pour les exportations françaises de vin, on note une bonne orientation en volume et en valeur ((avec près de + 10 %), mais une scission de ce marché en deux périodes avec une baisse de consommation et un phénomène de surstock qui a freiné les exportations, puis un très fort rebond sur les deux derniers mois de 2024 (+ 52 % pour les volumes et + 72 % en valeur exportée en novembre et décembre 2024 par rapport à la même période de 2023), lié à l’anticipation des importateurs américains en prévision d’éventuelles mesures tarifaires.
Concernant les autres marchés, a retenir pour 2024 :
- la décroissance du marché allemand, en repli important à court et moyen terme pour les exportations françaises (sauf pour le gros vrac) à hauteur de - 16 % en volume par rapport à la moyenne cinq ans ;
- la reprise des volumes exportés vers le marché britannique par rapport à 2023, mais largement en-dessous de la moyenne cinq ans (- 10 % en volume) et une baisse en valeur par rapport à 2023 et à la moyenne cinq ans, en raison d’un mauvais comportement du marché sur les années post Covid (inflation, relance difficile, , Brexit). Le rebond en volume est principalement lié à une descente en gamme des vins importés, avec également un regain du gros vrac.
D’autres marchés pourraient constituer des relais de croissance potentiels moins attendus :
- l’Italie et l’Espagne pour le Champagne et les vins en bouteilles ;
- les Emirats arabes Unis , clients moteurs en volume et en valeur pour les vins et le Cognac (notamment en raison de la population expatriée et de la libéralisation du marché des alcools) ;
- la Pologne, un marché intéressant en volume et en valeur.
Les importations françaises de vin sont, quant à elles, toujours orientées à la baisse en valeur et en volume (à noter, la baisse du gros vrac en provenance d’Espagne).
A la suite de la présentation de ces différents éclairages économiques, les membres du conseil spécialisé « Vin et Cidre » de FranceAgriMer ont pu largement échanger sur les grandes évolutions des marchés à court, moyen et long termes, et poursuivre leur travail de réflexion stratégique sur les objectifs et les choix à opérer pour la filière viticole française.
Le président du conseil a appelé à la poursuite de la réflexion collective sur le plan stratégique national (PSN) de la filière, en lien avec les différents bassins viticoles.
Le calendrier d’élaboration du PSN a également été rappelé : les modifications éventuelles devront être finalisées avant fin 2025, pour une modification du PSN en 2026 et une application en 2027.
Le groupe de travail dédié devrait se réunir de nouveau courant avril prochain.
Les dernières données économiques sur la filière viticole sont disponibles sur le site internet de FranceAgriMer, via les liens suivants :
- la note de conjoncture « Vin et Cidre » de FranceAgriMer de mars 2025, avec les marchés à la production et les transactions de vins en vrac à 31 semaines de campagne 2024/25 (août 2024 à fin février 2025 pour les IGP et les VSIG et jusqu’à fin décembre 2024 pour les AOP), le bilan 2024 des ventes de vins tranquilles et effervescents en grande distribution et le bilan 2024 du commerce extérieur avec les exportations et les importations françaises de vin : https://www.franceagrimer.fr/content/download/76817/document/NCO-VIN-CS-MARS_2025.pdf
- le diaporama des marchés à la production, à la consommation et le commerce extérieur présenté en conseil : https://www.franceagrimer.fr/Mediatheque/INFORMATIONS-ECONOMIQUES/VIN-ET-CIDRICULTURE/VIN/INFORMATIONS-DE-CONJONCTURE/2025/Presentation-conjoncture-de-la-filiere-viti-vinicole-Conseil-Sepcialise-du-12-Mars-2025
- le diaporama sur les marchés à la production vrac à 31 semaines de la campagne 2024/25 présenté en conseil : https://www.franceagrimer.fr/Mediatheque/INFORMATIONS-ECONOMIQUES/VIN-ET-CIDRICULTURE/VIN/INFORMATIONS-DE-CONJONCTURE/2025/Presentation-conjoncture-de-la-filiere-viti-vinicole-Conseil-Sepcialise-du-12-Mars-2025