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Filières ruminants : des tensions durables sur les prix et les coûts de production

Le conseil spécialisé Ruminants de FranceAgriMer s‘est réuni le 11 octobre 2022 sous la présidence de Bruno Colin, dans un contexte de tensions durables sur les prix et les coûts de production, qui impactent la consommation et la balance commerciale française.
Mots-clés : viandes rouges, lait, bovins, caprins, ovins, marché, prix, coûts de production, Génétique animale, abattoirs, exportations, importations
troupeau de moutons

France : une offre globalement en repli en lait et en viande

Déjà en retrait en début d’année, la collecte de lait de vache standard a de nouveau décroché durant l’été en France, alors qu’elle semble repartir à la hausse dans l’Union européenne et aux États-Unis. Les collectes de lait de vache  AOP et de lait de brebis sont également en recul.

Seules progressent la collecte de lait de vache biologique, malgré un ralentissement cet été, et dans une moindre mesure la collecte de lait de chèvre.  

Côté viandes, FranceAgriMer observe également un repli des abattages de vaches allaitantes, de jeunes bovins et d’agneaux. Ce recul est de nature structurelle.

Des coûts de production durablement élevés 

Dans le même temps, les charges des éleveurs restent très élevées malgré un léger repli estival pour les filières des ruminants (sauf en lait de chèvre) suite à une détente passagère du coût de l’énergie. Le coût de l’aliment du bétail acheté par les éleveurs atteint des sommets inédits depuis 10 ans, même s’il semble aujourd’hui se stabiliser. Une situation aggravée par les vagues de chaleur successives qui ont fortement entamé le rendement des récoltes fourragères et limité la pousse de l’herbe, compromettant le retour des animaux au pâturage.

En plus des tensions redoutées par les éleveurs sur les stocks fourragers cet hiver, les coûts de production devraient rester élevés au niveau des producteurs comme des transformateurs pendant plusieurs mois encore. Une détente des prix à court terme est peu probable, le pic de l’inflation étant attendu début 2023, en lien avec les prix de l’énergie, selon les dernières prévisions de la Banque de France.

Des prix payés aux producteurs en hausse sur un an dans la plupart des filières

Les prix payés aux éleveurs ont augmenté dans de nombreuses filières pour répercuter la hausse des coûts de production.

Soutenu par la hausse des prix des produits industriels (beurre et poudre de lait), le prix du lait de vache payé au producteur a augmenté par rapport à l‘an dernier (+80 €/1 000 litres en juillet 2022 par rapport à juillet 2021). Le prix du lait de chèvre a suivi la même évolution avec une progression nette de plus de 11 %, soit 80 €/1 000 l, par rapport à juillet 2021.

Côté viandes, la cotation française de l’agneau lourd se maintient depuis plusieurs semaines à un niveau très élevé autour de 8 €/kg, sans avoir subi de baisse saisonnière entre Pâques et Noël.

Le manque de vaches dans l’Union européenne se traduit également par une hausse des cours, notamment en France, où les prix des vaches moins bien conformées rattrapent le niveau de cotations des vaches de meilleure conformation.

Les cotations des jeunes bovins ont également augmenté sur les 9 premiers mois de l’année, de 31 % en moyenne toutes races confondues. Les veaux de boucherie profitent également d’un maintien des cours à un niveau élevé.

Un ralentissement de la consommation française suite à l’augmentation des prix au détail

D’après les données du panel distributeur IRI, les achats des ménages français en produits laitiers et en viande hachée fraîche sont en repli par rapport à l‘an dernier et se recentrent sur les marques de distributeurs économiques, dans un contexte de hausse des prix (près de 27 % d’augmentation pour les viandes hachées fraîches sur 8 mois).

Une dégradation des échanges commerciaux en viande bovine et en produits laitiers industriels, à l’exception des fromages

Sur les 8 premiers mois de 2022, les importations françaises de viande bovine ont augmenté de 23 % en tonne équivalent carcasse par rapport à 2021, contribuant à dégrader le solde de la balance commerciale.

Sur 7 mois, le solde des échanges en tonnage de produits laitiers a également diminué pour le beurre et la poudre de lait écrémé mais s’améliore sensiblement pour les fromages.

Les importations de viande ovine ont légèrement augmenté par rapport à 2021 mais restent très en deçà du niveau atteint en 2019.

Pour en savoir plus sur la conjoncture des filières Ruminants lait et viande, consultez le diaporama annexé ci-dessous ainsi que les indicateurs de conjoncture par filière.

Coproduits bovins : allègement de la liste des matériels à risque spécifiés (MRS) en abattoir

En mai 2022, la France a retrouvé devant l’Organisation Mondiale de la Santé Animale (OMSA, nouvel acronyme de l’OIE) son statut de pays à risque négligeable vis-à-vis de l’Encéphalopathie Spongiforme Bovine (ESB). La Commission européenne a entériné ce nouveau statut par une décision d’exécution, publiée le 8 août dernier au Journal Officiel de l’Union européenne : https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32022D1377&from=FR     

Ce statut a permis d’alléger la liste des matériels à risque spécifiés (MRS) en abattoir. Une instruction technique de la Direction Générale de l’Alimentation du 10 août 2022 simplifie en effet la liste des MRS pour les bovins nés, élevés et abattus en France. Elle se limite désormais à la moelle épinière et au crâne, y compris l’encéphale et les yeux, à l’exclusion de la mandibule des animaux âgés de plus de 12 mois. Cette évolution conduit à valoriser (notamment dans l’alimentation des animaux de compagnie) une plus large gamme de coproduits. Par ailleurs, le statut de pays à risque négligeable vis à vis de l’ESB pourrait permettre à la France de restaurer ou d’ouvrir de nouveaux marchés à l’exportation. Les travaux ont démarré, en lien avec les interprofessions, afin d’identifier les obstacles à lever et les négociations sanitaires à mener avec les destinations prioritaires.

Aides CASDAR sur la génétique animale

Le conseil spécialisé Ruminants s’est prononcé favorablement sur plusieurs projets de décisions examinés préalablement en commission thématique interfilières « Ressources zoogénétiques », concernant les modalités d’octroi des aides CASDAR dans le secteur de la génétique animale.

La première décision, concerne les modalités de dépôt des programmes des organismes de sélection en 2023. Les autres décisions concernent la reconduction en 2023 de :

  • l’aide accordée par FranceAgriMer pour la  réalisation des contrôles de performance dans les élevages d’ovins et bovins allaitants et d’ovins lait ;
  • la  mise  en  œuvre  par  FranceAgriMer  du  programme  national d’amélioration génétique pour la résistance à la tremblante classique ovine.

Les téléprocédures permettant le dépôt des dossiers seront ouvertes à partir du 21 octobre prochain. 

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Photo pixabay : troupeau de moutons

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