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Webinaire

6èmes entretiens de l’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires – 23 juin 2021
Mots-clés : Observatoire, prix, marges, Produits alimentaires, lait bio, drive, E-commerce, Covid-19, recherche, production, distribution, Consommation, Comportements alimentaires, marché, Monde, crise, cours

L’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires a été créé par la loi de modernisation de l’agriculture et de la pêche du 27 juillet 2010.

Placé sous la tutelle conjointe du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation et du ministère de l'Économie, des Finances et de la Relance, il a pour mission d’étudier la répartition de la valeur entre producteurs, industriels et distributeurs.

Il s’appuie sur les travaux économiques conduits par FranceAgriMer, avec le concours des instituts techniques agricoles, de l’Insee et du service de la statistique et de la prospective du ministère de  l’Agriculture et de l’Alimentation.

Il remet chaque année un rapport au Parlement et organise une fois par an des « Entre­tiens » réunissant professionnels et experts pour échanger sur des études scientifiques et des analyses d'experts susceptibles d’enrichir ou affiner les travaux de l’Observa­toire. Ces entretiens sont ouverts au public.

La sixième édition des Entretiens de l’Observatoire s’est tenue le 23 juin 2021 sous forme de webinaire, animé par Philippe Chalmin, président de l’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires.

Retour sur les différents  intervenants et leurs présentations.

« Les marchés agricoles mondiaux au cœur de toutes les tensions »

Philippe Chalmin, président de l’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires auprès du Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation et du Ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance, est également professeur d’histoire économique à l’université Paris-Dauphine et directeur d’un master « Affaires Internationales ».

Diplômé de HEC, agrégé d’histoire, Docteur ès lettres et sciences humaines, il est aussi fondateur et président depuis 1985 de CyclOpe, la principale structure de recherche et d’études en France sur les marchés internationaux. Il suit depuis la fin des années soixante-dix, les évolutions du monde agricole et agroalimentaire français comme en témoignent ses premiers travaux sur l’économie des filières jusqu’à ses réflexions plus récentes sur l’évolution des politiques agricoles notamment en Europe. Il a été membre du conseil d’analyse économique auprès du Premier Ministre de 2006 à 2012.

" En 2020, la planète a connu sa pire pandémie depuis la grippe espagnole il y a un siècle, avec plus de 10 millions de victimes de la Covid, selon certaines sources. Le monde a également connu sa pire crise économique depuis les années trente, avec un recul de 4 % du PIB mondial en 2020. La Chine, premier foyer de la pandémie, a redécollé en premier, suivie par les États-Unis alors que la zone euro est rentrée dans une nouvelle période de récession.

Pour les matières premières alimentaires, l’année 2020 a permis un rattrapage des prix agricoles, au plus haut depuis 2012. Entre mai 2021 et mai 2020, l’indice FAO des prix alimentaires a progressé de près de 40 % : + 89  % pour le maïs, + 73 % pour le soja, + 34 % pour le sucre, + 28 % pour le blé et les produits laitiers, + 10 % pour les viandes.

Si les aléas climatiques (Niῆa, sécheresse en Amérique latine), les taux d’intérêts faibles, la peste porcine africaine, les taxes à l’exportation en Russie et en Argentine, les tensions géopolitiques entre la Chine et l’Australie, les incertitudes européennes sur la PAC et le Green Deal ont contribué aux tensions du marché, le principal moteur de ces hausses est la Chine et ses importations massives en 2020.

Quel scénario pour l’avenir ? Les perspectives de récolte mondiale s’annoncent pour l’heure excellentes en 2021/22 et devraient contribuer à une détente des prix des grains, sauf accident climatique majeur, notamment aux États-Unis où les stocks de maïs sont au plus bas. Outre les aléas climatiques, des interrogations subsistent sur le niveau des importations chinoises pour la prochaine campagne. Sans oublier les tensions géopolitiques, toujours d’actualité, qu'il s’agisse d’embargos ou d’accords de libre-échange" .

« Les filières laitières biologiques françaises : la 3ème vague de conversion, un changement d’échelle »

Benoît Baron est ingénieur agronome diplômé de l’ENSAIA, chargé d’études sur les filières laitières au sein du service Économie des filières de l’Institut de l’Elevage depuis 2017. Il a notamment conduit une étude de la filière lait biologique française dans le cadre du projet CASDAR Résilait (2016-2020) permettant de dresser un état des lieux d’une filière en pleine mutation. Il assure aussi un suivi régulier de la conjoncture de cette filière.

" En Europe, mais de façon encore plus marquée en France, l’agriculture biologique a connu une forte croissance ces dernières années. La production de lait biologique a été au cœur de ce mouvement de conversion,  passant de 1% à près de 5% de la collecte nationale de lait de vache entre la fin des années 2000 et aujourd’hui.

Lors de la dernière vague initiée en 2015 et qui semble toucher à sa fin, au-delà des seules exploitations converties, le paysage de la filière dans son ensemble a lui aussi considérablement évolué : de nouveaux transformateurs ont fait leur apparition sur ce marché des produits laitiers biologiques qu’ils avaient jusqu’alors eu tendance à délaisser.

Dans le cadre du projet CASDAR RESILAIT « Résilience des systèmes laitiers biologiques - optimisation des facteurs de compétitivité et mise au point de systèmes plus efficients dans la gestion des risques à venir », copiloté par l’ITAB et l’Idele, une action spécifique a permis de dresser un état des lieux de la filière lait bio, en retraçant son historique depuis le début des années 90 jusqu’à ses évolutions les plus récentes. Cette étude a notamment proposé un focus spécifique sur la vague de conversions 2015-2020 : géographie des conversions, stratégies et jeu d’acteurs entre opérateurs de collecte et transformation, analyse des forces et faiblesses de la filière mais aussi des opportunités et menaces qui pèsent sur elle. Au-delà de la nécessaire préservation de la valeur pour assurer une juste rémunération des producteurs, le renouvellement des générations et le maintien de la crédibilité du label font partie des enjeux clés pour une filière mise à l’épreuve depuis un an".

« L'émergence des drives en France et l’impact de la loi ALUR de 2014 sur leur développement »

Économiste, Claire Chambolle est  directrice de recherche à l’INRAE et chercheur associée au CREST. Ses travaux sont appliqués au secteur de la distribution et aux relations entre producteurs et distributeurs. L’expertise acquise sur ce sujet lui permet de participer régulièrement aux débats concernant la régulation de ce secteur ou les questions de politique de la concurrence y afférant. Elle est également membre de l’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires depuis 2017.

" Au cours des dernières décennies, le commerce électronique s’est bien développé dans le secteur de la distribution des produits de grande consommation en France, atteignant une part de marché de  6,6% du total de ventes en 2017 (Nielsen, 2018)[1]. Ce succès repose essentiellement sur le développement des drives : le consommateur fait sa commande en ligne, le panier correspondant à la demande est ensuite préparé par le distributeur et les consommateurs doivent ensuite aller le récupérer en voiture dans un point de collecte (magasin, entrepôt dédié) à une heure donnée. Le succès du drive est très spécifique à la France, les autres pays favorisant le commerce électronique avec livraison à domicile.  En 2018, le drive représentait 81% des ventes en ligne en France, le reste correspondant aux livraisons à domicile (Nielsen, 2018).

Depuis l’ouverture du premier drive par Auchan en 2004, tous les groupes de distribution français se sont développés sur ce nouveau format de distribution. Toutefois, les groupes diffèrent dans leur stratégie de développement. Certains distributeurs, tels qu’Auchan ou Leclerc, ont principalement ouvert des entrepôts dédiés (accolés à des magasins existants ou indépendants). Les autres groupes ont plutôt investi sur le drive en magasin où les produits collectés pour la préparation des commandes sont directement pris par le préparateur en rayons. L’entrée en vigueur de la loi ALUR en 2014 soumettant tout nouvel entrepôt de plus de 20 m2 à une demande d’autorisation semble néanmoins avoir freiné la création de drives avec entrepôt.  Si la loi ALUR affecte la création de drives avec entrepôts, elle n’impacte pas les autres types de drives (en magasin) ni les magasins physiques.

Sur la période 2009-2017, la loi ALUR a entrainé une diminution de l’ordre de 5% de la création d’entrepôts drives avec un impact plus fort pour les drives indépendants et les enseignes Leclerc et Auchan, conclut Claire Chambolle."

 [1] En Grande Bretagne, la part de marché du commerce électronique dans la distribution alimentaire s’élève à 6.3%, 4,7% aux Etats-Unis et seulement 0.7% en Allemagne.

«  Les achats dans le circuit online depuis la crise de la COVID : quelles tendances ? »

Après plusieurs années passées à l’institut d’études de marché Ipsos, Grazyna Marcinkowska est désormais chargée d’études au sein de la direction Marchés, Études et Prospective de FranceAgriMer.Elle travaille sur les problématiques transversales de la consommation alimentaire

L’émergence du e-commerce alimentaire avait été l’une des principales évolutions de circuits de distribution alimentaire sur la dernière décennie, mais la crise de la COVID a constitué un véritable accélérateur de croissance et a fait gagner plusieurs années de développement à ce circuit jusque-là relativement mineur.

Le stress sanitaire et les restrictions de sorties ont contribué au succès des courses en ligne, que ce soit en drive ou en livraison à domicile. Les dépenses ont progressé grâce aux paniers plus remplis, à l’augmentation de la fréquence d’achat, mais surtout par le recrutement de nouvelles cibles jusque-là réticentes, comme les séniors. La grande distribution s’est adaptée à l’explosion de la demande pour le digital et les achats dans ce circuit ont pu progresser tant sur le cœur de gamme du e-commerce alimentaire que sur les produits moins typés « online ». De plus, ce circuit a réussi à maintenir un niveau de croissance soutenu en dehors de périodes de confinement, laissant penser à une progression durable et pas seulement conjoncturelle. Sur certaines catégories de produits alimentaires, prendre en compte les spécificités de ce canal dans sa stratégie de marketing, deviendrait dorénavant incontournable.

Mais de nombreux challenges demeurent pour ce circuit à la logistique compliquée. Comment réussir à proposer au consommateur une offre complète et comparable à celle de l’hypermarché, tout en gardant les atouts qui font la valeur ajoutée et l’utilité de ce circuit aux yeux des consommateurs ? Quelles faiblesses pourraient freiner sa progression ? La fidélisation de nouveaux clients est-elle assurée ? Même s’il est encore tôt pour y répondre, tous ces éléments influeront sur le poids et la fonction du e-commerce au sein de la distribution alimentaire dans les années à venir.

Pour en savoir plus, retrouvez ci-dessous les diaporamas présentés par les différents intervenants au cours de ce webinaire ainsi que la vidéo du Webinaire.

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