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Conseil spécialisé « Grandes cultures-marchés céréaliers » du 9 mars 2022

Le conseil spécialisé « Grandes cultures-marchés céréaliers », élargi aux filières des oléoprotéagineux et du sucre, s’est réuni le 9 mars dernier pour mesurer les impacts du conflit russo-ukrainien qui rebat les cartes du marché mondial.
FranceAgriMer a ainsi révisé à la hausse ses prévisions d’exportations françaises de blé et de maïs, face au blocage des ports maritimes ukrainiens en mer Noire et en mer d’Azov et à l’arrêt quasi-total des exportations de ce pays.
Mots-clés : Grandes cultures, céréales, oléoprotéagineux, Russie, Ukraine, France, exportations, blé, maïs, Engrais

Sécuriser les approvisionnements des pays importateurs

La Russie et l’Ukraine représentent à elles seules 30 % des exportations mondiales de blé et d’orge.

4e exportateur mondial de maïs, 5e en blé, 3e en orge, l’Ukraine domine aussi le marché de l’huile de tournesol, avec 50 % des exportations mondiales. Elle exporte également des tourteaux destinés à l’alimentation animale.

Avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février dernier, il restait à exporter environ 6 Mt de blé et 15 Mt de maïs au départ d’Ukraine et 12 Mt de blé et 3 Mt de maïs au départ de Russie.

Le blocage des ports ukrainiens et le ralentissement du trafic de navires en mer Noire conduisent désormais les pays importateurs à se tourner vers d’autres origines pour sécuriser leurs approvisionnements. Après s’être détournée de l’origine France pendant plusieurs mois, l’Algérie vient par exemple d’acheter du blé meunier français.

FranceAgriMer a ainsi relevé ses prévisions d’exportations de blé tendre français pour la campagne commerciale 2021/22, à 9,7 Mt vers les pays tiers (+ 800 000 tonnes par rapport aux prévisions du mois dernier) et à 7,8 Mt vers l’Union européenne (+ 50 000 tonnes).

L’Union européenne et notamment la France, l’Allemagne, la Pologne et les États baltes sont en effet en première ligne pour contribuer à la sécurité alimentaire des pays du Maghreb et du Moyen-Orient, très dépendants des importations en provenance d’Ukraine et particulièrement vulnérables en raison de la sécheresse.

Malgré d’excellentes récoltes en Argentine et en Australie mais aussi en Inde qui devrait exporter 7 Mt de blé en 2021/22, l’équation sera complexe pour assurer totalement la sécurité alimentaire des pays structurellement déficitaires.

Avec un stock de blé de fin de campagne désormais attendu à un peu moins de 3 Mt, la France disposera encore d’une marge à l’exportation de 0,5 à 1 Mt pour les approvisionnements mondiaux.

Concernant le maïs, FranceAgriMer a également relevé ses prévisions d’exportations vers l’Union européenne. Les exportations intracommunautaires sont désormais attendues à 5,1 Mt en hausse de 220 000 tonnes par rapport à février. Le stock final s’allègerait de 65 000 tonnes, à un peu moins de 2 Mt. L’Espagne, les Pays-Bas et l’Italie, directement concernés par l’arrêt des exports ukrainiens, devraient en effet se tourner vers le maïs français.

Côté orges, les prévisions d’exportations françaises sont également révisées en légère hausse à 3,3 Mt vers les pays tiers (+ 50 000 tonnes par rapport aux dernières prévisions) et à plus de 2,7 Mt vers l’Union européenne (+ 20 000 tonnes).

Enfin, s’agissant du marché domestique français, FranceAgriMer a révisé à la baisse ses prévisions d’utilisations de céréales par les fabricants d’aliments du bétail, suite à la décapitalisation des cheptels et au nouvel épisode d’influenza aviaire dans les élevages de volailles (-250 000 tonnes de blé, non compensés par une augmentation de 50 000 tonnes des prévisions d’utilisation de maïs).

Cours record des céréales et oléagineux depuis le déclenchement du conflit russo-ukrainien

Le déclenchement du conflit russo-ukrainien a provoqué une hausse des prix des céréales et du complexe oléagineux (graines, tourteaux, huiles), avec des cours record atteints sur Euronext. Le  7 mars 2022, le blé meunier cotait 423 €/t, le maïs 352 €/t et le colza 845 €/t. L’instabilité du marché se traduit aujourd‘hui par une forte variabilité des cours.

Nouvelle spirale de hausse du prix des engrais pour les producteurs

La Russie représente 13 % du commerce des produits intermédiaires d’engrais et 16 % des échanges d’engrais finis. Les effets du conflit seront limités concernant l’ammoniac, la Russie ne représentant que 2,3 % de la production, mais ils seront plus importants concernant le nitrate d’ammonium : la Russie représente 40 % des exports mondiaux, essentiellement vers l’Amérique latine et notamment le Brésil, gros producteur mondial de maïs et de soja.

Du côté des engrais potassiques, la Russie et le Bélarus fournissent 20 % du commerce mondial, le Brésil étant là encore, et de loin, le premier acheteur. Or, une rupture des volumes fournis ne pourrait pas être compensée par les autres fournisseurs que sont le Canada, l’Allemagne, Israël et la Jordanie.

Cette nouvelle spirale de hausse du prix des engrais après celle de 2021, va impacter les coûts de production des matières premières agricoles végétales et pèsera sur les intentions de semis à l’automne prochain. Les engrais azotés sont en effet nécessaires pour la production de céréales, tandis que la canne à sucre et les betteraves sucrières ont besoin d’engrais potassiques.

Une envolée des prix de l’énergie pour tous les acteurs de la filière

Le conflit fait également flamber les prix de l’énergie et du pétrole, ce qui aura des conséquences sur le coût du transport.

De même, la hausse des cours du gaz naturel aura un impact sur les coûts de production, notamment les coûts de séchage, de fabrication des engrais azotés et les coûts en énergie des usines de transformation (sucreries, amidonneries…).

Le conflit russo-ukrainien  pourrait impacter lourdement les coûts de production en nutrition animale, doublement affectés par les hausses des prix de l’énergie et des matières premières utilisées.

Pour en savoir plus, retrouvez ci-dessous, les nouveaux bilans prévisionnels de FranceAgriMer pour la campagne commerciale céréalière française 2021/22 et les documents de conjoncture sur la situation des marchés au niveau mondial, européen et français

- diaporama sur la situation des marchés-Monde-UE-France

- Panorama des marchés céréaliers de mars 2022

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